Prévenir la pénibilité pour améliorer l'emploi des seniors en Occitanie

Emmanuel Albert, chargé de mission depuis 2006 à l’Aract Occitanie (Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail), était la personne idoine pour mener le projet « Prévention de la pénibilité et de l’usure professionnelle pour favoriser les parcours professionnels de qualité 2014-2015 ». Ergonome de formation, il a longtemps travaillé en tant qu’expert CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) et chargé de mission à l’Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) sur les risques liés aux conditions de travail : risques psycho-sociaux, stress au travail, troubles musculo-squelettiques…. Il observe depuis plusieurs années le tissu des entreprises et leurs pratiques managériales. "Depuis quelques années, nombre d'entreprises, soumises à de fortes mutations, relèguent souvent au second plan la question des conditions de travail et d’emploi, en particulier celle des seniors. Elles changent fréquemment d’organisation, générant toujours plus d’intensification et de densification du travail, de travail dans l’urgence, non sans générer une kyrielle de problèmes de santé et de risques psycho-sociaux parmi des populations fragiles" constate-t-il. Ce cercle vicieux finit par impacter l'emploi des seniors, en particulier en Languedoc-Roussillon où le taux d'emploi des seniors est inférieur à la moyenne européenne.

“ Depuis quelques années, nombre d'entreprises, soumises à de fortes mutations, relèguent souvent au second plan la question des conditions de travail et d’emploi, en particulier celle des seniors.” Emmanuel AlbertChargé de mission depuis 2006 à l’Aract Occitanie

Le projet de l’Aract Occitanie, financé en partie par le FSE, a consisté à accompagner des entreprises, des représentants des salariés et des acteurs-relais, afin de développer des pratiques innovantes, des méthodes et des outils facilitant un travail de qualité à tous les âges, la prévention de l’usure au travail des seniors, un management et une organisation compatibles avec le maintien de la santé des employés. Le rôle dans le projet des acteurs-relais (CCI, consultants, médecins du travail, syndicats, partenaires sociaux...) était essentiel, compte tenu de leur capacité à relayer de bonnes pratiques dans le monde de l'entreprise.

Quatre chantiers principaux constituaient le projet de prévenir de la pénibilité pour améliorer l'emploi des seniors en Occitanie :

• Premier chantier : l'encouragement et le renforcement de la négociation sociale en entreprises sur les dimensions "prévention de la pénibilité, qualité de vie au travail, vieillissement actif..."
• Second chantier : l'accompagnement des branches professionnelles, des chambres consulaires, des entreprises avec des formations et des outils appropriés.
• Chantier n°3 : la professionnalisation des acteurs-relais et des partenaires sociaux à la gestion active des âges et à la prévention de la pénibilité au travail, afin de favoriser les négociations collectives sur ces thématiques. Pour aller plus loin Interview de Richard Abadie, directeur général de l'Anact
• Et enfin, le chantier n°4, dédié au développement des pratiques d'organisation de l'alternance et du tutorat, relais bénéfiques d'une bonne gestion des seniors.

Le déploiement de ces chantiers  a permis de générer en 2014 et en 2015 environ une vingtaine de formations et d'ateliers auprès des entreprises, des branches professionnelles et des partenaires sociaux; la réalisation de quatre documents de synthèse et d'un recueil de repères méthodologiques.  Une dizaine d'entreprises et entités diverses ont été accompagnées plus étroitement. En outre, l'Aract Occitanie a monté avec la Fédération nationale des transports routiers un action collective sur la prévention de la pénibilité et de l'usure professionnelle.

Au final, le projet Aract Occitanie a globalement encouragé les entreprises à se réorienter vers des concepts pertinents et des outils plus efficaces en matière de prévention de l’usure professionnelle. "Le véritable enjeu, c'est l'amélioration des conditions de travail et la qualité au travail. Si on progresse sur ce point, on augmente l'engagement au travail, on diminue l'absentéisme, on maintient les compétences dans l'entreprise", résume Emmanuel Albert.

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