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Accompagner les travailleurs européens face aux transformations du monde du travail

05.11.2018

Accompagner les travailleurs européens face aux transformations du monde du travail

Le taux d’emploi de la population active (20-64 ans) n’a jamais été aussi élevé dans l’Union européenne. En 2017, il a atteint 72 %, ce qui représente 217 millions de travailleurs.

Dix ans après la crise de 2008 qui a marqué le contexte européen, la reprise économique s'est traduite par une amélioration du marché du travail et de la situation sociale. Bien qu’il existe des différences marquées entre pays membres, une baisse du chômage (à court et long terme) est observée ainsi que l’amélioration de la situation professionnelle des groupes rencontrant traditionnellement des difficultés (jeunes, femmes et seniors). Le risque de pauvreté et de privation matérielle grave[1] a également diminué depuis la dernière décennie.

En dépit de ces améliorations, le chômage et l’inactivité restent des problématiques actuelles, notamment au vue des grands changements introduits par la mondialisation. Une des préoccupations de l’Union européenne est donc d’accompagner les citoyens européens face à ces mutations, qui affectent leur manière de travailler et de vivre. L’etude The changing world of work : Beyond digitalisation – Employment and social developments in Europe 2018, présentée le 12 octobre dernier à la Commission européenne, revient sur ces transformations et les défis qu’ils représentent pour les politiques publiques.

 

1.Les changements engendrés par la mondialisation

Les transformations technologiques et le vieillissement démographique sont des phénomènes entraînant d’importantes modifications structurelles dans les marchés du travail et la société en Europe. Les organisations et les marchés sont globalement interconnectés via Pour aller plus loin Lancement de la 3ème Semaine européenne des compétences professionnelles Internet, tandis que les  technologies numériques, les robots et l'intelligence artificielle continuent de révolutionner la manière dont les produits sont conçus, fabriqués et consommés. Ces nouvelles technologies créent de nouveaux marchés et redéfinissent le contenu de certaines tâches tout en rendant d’autres obsolètes. Un autre résultat de la mondialisation est la poursuite du développement de l’économie de services.

Toutes ces transformations ont un impact direct sur les emplois, les conditions de travail et les compétences des travailleurs européens.

2.Un monde du travail en mutation

Depuis le début des années 2000, une polarisation a été observée entre emplois très qualifiés et peu qualifiés, avec une baisse des emplois intermédiaires. Cet écart s’exprime également en termes de revenu.

La globalisation et les transformations technologiques appellent également à des mises à jour des compétences, le développement de la formation tout au long de la vie et des réformes des politiques éducatives. Bien que le niveau global d’éducation ait largement progressé dans l’Union européenne, des disparités demeurent en particulier en ce qui concerne les savoirs digitaux.

Ayant conscience de ces enjeux, l’une des priorités de l’Union européenne est d’assurer aux citoyens européens les connaissances et les compétences dont ils ont besoin socialement et professionnellement. En mai 2018, a été adopté la recommandation du conseil européen sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie qui encourage davantage l'alphabétisation, les langues et l'esprit d'entreprise, entre autres, comme moyen de relever les défis de l'avenir. La Commission soutient également le développement des compétences en Europe par le biais de fonds européens (Fonds structurels et d'investissement européens Horizon 2020 et le futur Horizon Europe, le programme Emploi et Innovation Social et le programme Eramus+).

3.Protéger les travailleurs européens

Une autre tendance imposée par les transformations est la multiplication des formes de travail « atypiques », tel que le travail indépendant et le travail à travers des plateformes.

Des entreprises telles qu’Uber, ou Airbnb ont des modèles d’affaires fondés sur l’externalisation de la production auprès d’une multitude de producteurs indépendants. Si les formes de travail non standards peuvent être porteuses d’une plus grande liberté (de temps et Pour aller plus loin Lancement de la 3ème Semaine européenne des compétences professionnelles d’organisation), elles entrainent également une dégradation des conditions de travail (carrière fragmentée, revenus éparses…). C’est particulièrement le cas avec les plateformes, qui brouillent la distinction entre emploi et auto-entreprenariat et posent des défis en termes de financement de protection sociale. En effet, à l’origine, les systèmes sociaux des pays européens ont été pensés sur un modèle « classique » du travail.

Ainsi, au sein des pays européens, un nombre important de travailleurs ne sont pas couverts par les régimes d’assurance sociale existants. Ces « nouveaux » actifs apparaissent davantage esseulés puisqu’ils ne bénéficient pas non plus de protection salariale de la part des partenaires sociaux (syndicats du travail).

L’un des défis de l’Union européenne est donc de protéger tous les travailleurs, dans leur diversité. C’est en ce sens que la Commission a présenté une Proposition de Recommandation du Conseil relative à l’accès des travailleurs salariés et non-salariés à la protection sociale (mars 2018).

Comme le note l’étude, la précarité des emplois non standards de plateformes traduit la stratégie de certains employeurs pour se soustraire aux obligations sociales (impôts, contributions à la sécurité sociale, etc.). Cela représente un autre défi dans le renforcement de la protection des travailleurs, sur lequel l’Union européenne pourrait être amenée à se positionner. Les pays membres sont également appelés à travailler ensemble.

En vidéo, la conférence de présentation de l'étude organisée par la Commission européenne le 12 octobre dernier.

[Pour en savoir plus, téléchargez le résumé de l'étude - en anglais.]


[1] L’Union européenne définit la privation matérielle comme des difficultés économiques durables rendant impossible de couvrir des dépenses imprévues ou quotidienne (alimentaires, logement ou de consommations durables).

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