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Cultivons la ville : l'insertion par l'agriculture urbaine
Cultivons la ville est un collectif d'associations franciliennes qui intervient dans le secteur de l'insertion par l'activité économique, en s'appuyant sur des initiatives et des projets d'agriculture urbaine. Ingénieure agronome diplômée d'AgroParisTech, Noémie Monnier, spécialiste en gestion des espaces verts et agricoles urbains, représente le collectif. Grâce à cette expertise, Cultivons la ville s'affirme depuis deux ans comme un acteur hybride au carrefour de l'insertion sociale, de l'alimentation durable et de l'écologie urbaine.
Quelle est l'origine de Cultivons la ville et que réunit ce collectif ?
En 2006, SNCF Réseau Ile-de-France a fait appel à des associations pour entretenir la Petite Ceinture ferroviaire autour de Paris. Cinq associations - Halage, Etudes et Chantiers, Interface Formation, Espaces, et Chantier Ecole Ile-de-France (réseau d’acteurs qui regroupe 66 structures d'insertion en Ile-de-France) ont initié un partenariat avec la SNCF. Elles ont mené durant plus de dix ans une activité d’entretien et de gestion écologique des espaces verts.
Puis la Ville de Paris a repris la gestion de l’emprise de la petite ceinture dans le but de l'ouvrir au public. Les associations ont vu l'opportunité de se regrouper et d'avoir plus de poids pour défendre ensemble un projet d'insertion globale et cohérent à l'échelle parisienne. Elles ont donc formé le 1er janvier 2017 le collectif Cultivons la ville, avec pour porteur du projet le réseau Chantier Ecole Ile-de-France, et elles ont commencé à investir le domaine de l'agriculture urbaine.
Pourquoi des acteurs de l'Insertion par l'activité économique (IAE) investissent-t-ils l'agriculture urbaine ?
Il y avait trois raisons majeures au lancement de Cultivons la ville : l'engouement de la Ville de Paris pour ce type de projets ; le vivier d'emplois et d'activités recelé par l'agriculture urbaine qui permet des parcours d'insertion très riches ; enfin, les liens avec l'agriculture fréquemment entretenus par les personnes que nous accueillons sur nos chantiers. Grâce à l'agriculture urbaine, nous mettons les salariés en position de créer de la valeur, sur des projets visibles par tous, au coeur de la ville. Ces réalisations sont valorisées par les médias et les courants de pensées actuels. C'est très gratifiant.
Comment fonctionne le collectif ?
Les associations ont passé une convention de collaboration qui définit le partage des responsabilités. Le collectif assume plusieurs missions : coordonner les interventions, apporter de la visibilité aux actions, faire du lobbying en faveur de l'insertion via les projets d'agriculture urbaine, mutualiser les ressources humaines et financières et les réseaux (partenaires, financeurs...), partager l'expérience et l'expertise.
Concrètement, nos associations avaient de l'expérience en matière d'insertion via la gestion d'espaces verts. Elles ont recruté un ingénieur agronome, en l'occurrence moi-même, au poste de chargée de développement spécialisée en agriculture urbaine. Aujourd'hui, Cultivons la ville peut répondre à des appels d'offre, assurer le suivi de projets, renforcer ses compétences...
Quels sont vos projets et chantiers majeurs ?
L'un de nos chantiers les plus connus est le Potager du bois - au sein de la Ferme de Paris, une parcelle de 3 500 m² de pleine terre dans le bois de Vincennes. Encadré par des maraîchers, les salariés exploitent la parcelle selon les principes de la permaculture (cycles longs, rotation des cultures, plantes compagnes, pas de produits phytosanitaires, compostage...). Les produits sont vendus en circuit direct sur l'exploitation ou en paniers à des habitants du XIIème arrondissement. Nous réalisons aussi des aménagements potagers pour des bailleurs sociaux dans Paris. Nous allons également intervenir sur la nouvelle tour maraichère de Romainville pour l'entretien des cultures et l'animation pédagogique.
Décrivez-nous le mode opératoire de Cultivons la ville ?
Le collectif gère des chantiers d'insertion fondés sur le triptyque classique : mise en situation de travail, de la formation, et un accompagnement socio-professionnel. Les activités des salariés sont très variées : préparation de semis, cultures, récoltes, conditionnement des produits, vente.... Elles se doublent d'une formation comprenant des aspects pratiques, d'autres plus théoriques (Français, notions de mathématiques et de biologie, gestion-vente, animation...), avec retour aux savoirs de base (lecture de plan, de consignes, etc...). En parallèle, un conseiller en insertion professionnelle aide le ou la salariée à élaborer son projet de vie, en atelier individuel et en atelier collectif.
Quels résultats revendiquez-vous ?
Les quatre associations regroupées au sein de Cultivons la ville gèrent dans l'année 900 salariés en parcours d'insertion. Nos structures affichent un taux global de sorties positives de 70 %. Tous les salariés que nous accompagnons ne se destinent pas à travailler dans l'agriculture urbaine, mais ce n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est le retour de la confiance en soi des personnes. C'est ce qui se passe quand on a la fierté de produire des légumes, des fleurs, etc.
Quels sont vos sources de financement ? Comment comptez-vous les pérenniser ?
Le FSE a apporté un financement de 33 000 euros par an sur la période 2017-2018, la Ville de Paris 22 000 euros par an sur la même période, et les associations du collectif cofinancent à hauteur de 2 000 euros par an. Nous réfléchissons à d'autres types de financement : mécénat, département, établissements publics territoriaux, missions rémunérées en tant que conseil auprès des collectivités et des bailleurs sociaux... Une dynamique a été amorcée : Cultivons la ville commence à être bien identifié dans le milieu de l'agriculture urbaine. Et nous allons continuer à monter en compétences.
