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Égalité femmes-hommes en Europe: une priorité politique
Égalité femmes-hommes en Europe: une priorité politique
100 ans ! C’est le nombre d’années qu’il faudra pour atteindre l'égalité femmes-hommes dans le monde selon le dernier rapport du Forum économique mondial, qui pointe les inégalités dans le monde selon les genres. Beaucoup reste donc à faire pour atteindre une réelle égalité des genres. C’est pourquoi elle constitue une des priorités pour le Gouvernement français et l’Union européenne. C’est l’un de ses objectifs clés depuis l’instauration du Traité de Rome en 1957. Au fil des ans, elle s’est dotée d’un dispositif juridique solide et de leviers financiers afin de promouvoir l’égalité des chances.
1.Un diagnostic connu : des inégalités dès la racine qui ont un impact sur l’ensemble de la vie des femmes
En moyenne, le taux d'emploi dans l'Union européenne en 2018 est beaucoup plus élevé pour les hommes (79 %) que pour les femmes (67 %) alors qu’il n’a jamais été aussi élevé pour celles-ci depuis 2002. Cette différence s'accentue avec le nombre d'enfants : avec trois enfants ou plus, le taux d'emploi baisse à 50 % pour les femmes, 85 % pour les hommes. Les femmes sont également plus concernées par le travail à temps partiel, 31% contre seulement 8 % des hommes.
Inégalité encore en termes de progression de carrière. Au travail, les hommes occupent généralement des postes supérieurs à ceux des femmes : ainsi seulement un tiers (29 %) des cadres supérieurs sont des femmes en 2019. Enfin, les femmes gagnent en moyenne 16,2 % de moins que les hommes (comparaison des salaires horaires bruts moyens en 2016).
Pourquoi de telles inégalités subsistent-elles ? Ce n’est pas le niveau d’éducation des femmes qui est en cause : en Europe 33 % d’entre elles, contre 30 % des hommes, atteignent les niveaux d’éducation supérieurs. Ni la difficulté à concilier vie professionnelle et maternités successives : si elles s’accroissent au fur et à mesure des maternités, ces inégalités se forment avant l’arrivée des enfants, surtout pour les non-diplômées du baccalauréat. C’est ce qu’a démontré une étude récente de la Dares sur des générations nées entre 1932 et 1957. Ses auteurs affirment que « l’existence d’inégalités avant la première naissance suggère que l’arrivée d’un enfant n’en est pas l’unique facteur. Les normes sociales et les présupposés à l’égard des femmes jouent probablement un rôle important dans la formation et l’évolution des inégalités femmes-hommes tout au long de leur vie active ».
Ce qui est en jeu, avant tout, c’est l’aspect genré de l’éducation et des formations. Ainsi, en France, les universités de lettres et sciences humaines comptent 69,7% de femmes tandis que les formations d’ingénieurs n’en comptent que 26,9 %. Des réalités qui ont un impact direct sur les filières professionnelles : ainsi on trouve seulement 15% de femmes dans le secteur, très porteur, du numérique. Les stéréotypes culturels qui sont véhiculés sont un autre frein à l’égalité.
2.Une dynamique à l'œuvre à tout niveau
Au niveau international, l’engagement du G7
Le Canada, pays organisateur du précédent G7, a créé un Conseil consultatif sur l’égalité femmes-hommes. Au Sommet du G7, de concert avec l’Union européenne, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la Banque mondiale, il a été annoncé un investissement de près de 3,8 milliards de dollars canadiens pour offrir une éducation de qualité aux femmes et aux filles qui vivent en situation de crise, de conflit ou dans les États fragiles. Il s’agit du plus grand investissement de ce type jamais réalisé.
En 2019, la France a décidé d’élargir la composition du Conseil consultatif à des représentants de multiples secteurs (secteur privé, recherche, monde artistique, société civile, jeunesse, organisations internationales, etc). Il s’est réuni le 19 février à Paris en présence du président de la République Emmanuel Macron, qui a annoncé à cette occasion la création d’un fonds de 120 millions d’euros pour financer des ONG et des projets à l’international sur l’égalité femmes-hommes (via l’Agence française de développement). Lors du Sommet de Biarritz en août dernier, les pays du G7 et leurs partenaires ont adopté le Partenariat de Biarritz qui engage ses membres à adopter et mettre en œuvre des lois et politiques publiques progressistes en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier dans l’accès à l’éducation et à la santé, qui s’inspire des recommandations du Conseil consultatif.
En France, une grande cause nationale depuis 2018
Le Président Emmanuel Macron a déclaré l’Egalité entre les femmes et les hommes « grande cause nationale » du quinquennat en 2018. L’éducation, l’accompagnement des victimes et le renforcement de l’arsenal répressif sont les 3 piliers qui soutiendront les actions menées dans le cadre d’un plan quinquennal de lutte contre les violences sexuelles et sexistes, dans lequel tous les ministères seront impliqués.
En septembre dernier, le Gouvernement a lancé le premier Grenelle contre les violences conjugales. Durant plusieurs semaines, la mobilisation du gouvernement s‘est maintenue autour de rencontres avec les acteurs de l’égalité, des consultations citoyennes et locales ainsi que par des réunions et des travaux interministériels. Cette période s’est conclue par une série de 30 mesures autour de trois grands axes : prévention, prises en charge des victimes et actions punitives. Au total, le gouvernement a annoncé plus d’un milliard consacré à l’égalité Femmes-Hommes dès 2020.
Dans les champs de l’égalité professionnelle, la Loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel a soumis les entreprises à une obligation de résultat avec l’Index de l’égalité salariale Femmes-Hommes. Les entreprises de plus de 1 000 salariés ont l'obligation, depuis le 1er mars 2019, de publier les résultats de leur Index destiné à réduire les écarts salariaux injustifiés entre les salariés des deux sexes. Elles avaient jusqu’à début mars 2020 pour transmettre leur note globale sur 100 à l'administration. Les entreprises dont l’index se situe sous la barre des 75 points auront trois ans pour se mettre en conformité. Dans le cas contraire, elles seront sanctionnées financièrement jusqu’à 1% de leur masse salariale.
Au niveau européen, une priorité
Le 5 mars 2020, la Commission européenne a dévoilé sa stratégie quinquennale (2020-2025) en faveur de l'égalité femmes-hommes. Celle-ci repose sur une action double : à la fois le développement d’initiatives et une intégration renforcée de la dimension femmes-hommes-femmes dans toutes les politiques de l'UE. Les mesures annoncées sont en lien avec les problématiques actuelles et visent à placer les femmes comme actrices de la société européenne : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, promotion de l'émancipation économique, égalité de chances et de traitement sur le marché du travail (notamment en termes de rémunération égale et d’accès à des fonctions dirigeantes) ainsi qu’une meilleure intégration des femmes dans les secteurs de l'économie et la vie politique.
La Commission a lancé une consultation publique sur des mesures de transparence salariale. À l'issue de ce processus, elle proposera des mesures législatives contraignantes, d'ici à la fin 2020.
Cette stratégie quinquennale sera renforcée au travers de la capacité d’action des fonds européens structurels et d’investissement (FESI). Pour la période 2014-2020, le « principe d’égalité entre les femmes et les hommes » constituait déjà un principe dit « horizontaux ».