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Égalité femmes-hommes en Europe: une priorité politique

15.03.2019 |

Égalité femmes-hommes en Europe: une priorité politique

100 ans ! C’est le nombre d’années qu’il faudra pour atteindre l'égalité femmes-hommes dans le monde selon le dernier rapport du Forum économique mondial, qui pointe les inégalités dans le monde selon les genres. Beaucoup reste donc à faire pour atteindre une réelle égalité des genres. C’est pourquoi elle constitue une des priorités pour le Gouvernement français et l’Union européenne. C’est l’un de ses objectifs clés depuis l’instauration du Traité de Rome en 1957. Au fil des ans, elle s’est dotée d’un dispositif juridique solide et de leviers financiers afin de promouvoir l’égalité des chances.

1.Un diagnostic connu : des inégalités dès la racine qui ont un impact sur l’ensemble de la vie des femmes

En moyenne, le taux d'emploi dans l'Union européenne en 2018 est beaucoup plus élevé pour les hommes (79 %) que pour les femmes (67 %) alors qu’il n’a jamais été aussi élevé pour celles-ci depuis 2002. Cette différence s'accentue avec le nombre d'enfants : avec trois enfants ou plus, le taux d'emploi baisse à 50 % pour les femmes, 85 % pour les hommes. Les femmes sont également plus concernées par le travail à temps partiel, 31% contre seulement 8 % des hommes.

Inégalité encore en termes de progression de carrière. Au travail, les hommes occupent généralement des postes supérieurs à ceux des femmes : ainsi seulement un tiers (29 %) des cadres supérieurs sont des femmes en 2019. Enfin, les femmes gagnent en moyenne 16,2 % de moins que les hommes (comparaison des salaires horaires bruts moyens en 2016).

67 %

En moyenne, le taux d'emploi dans l'union Européenne en 2018 est plus élevé pour les hommes (79 %) que pour les femmes (67 %).

50 %

Cette différence s'accentue avec le nombre d'enfants : avec trois enfants ou plus, le taux d'emploi baisse à 50 % pour les femmes contre 85 % pour les hommes.

31 %

Les femmes sont également plus concernées par le travail à temps partiel, 31 % contre seulement 8 % des hommes.

Sources : Eurostat / MENESR - SIES

Pourquoi de telles inégalités subsistent-elles ? Ce n’est pas le niveau d’éducation des femmes qui est en cause : en Europe 33 % d’entre elles, contre 30 % des hommes, atteignent les niveaux d’éducation supérieurs. Ni la difficulté à concilier vie professionnelle et maternités successives : si elles s’accroissent au fur et à mesure des maternités, ces inégalités se forment avant l’arrivée des enfants, surtout pour les non-diplômées du baccalauréat. C’est ce qu’a démontré une étude récente de la Dares sur des générations nées entre 1932 et 1957. Ses auteurs affirment que « l’existence d’inégalités avant la première naissance suggère que l’arrivée d’un enfant n’en est pas l’unique facteur. Les normes sociales et les présupposés à l’égard des femmes jouent probablement un rôle important dans la formation et l’évolution des inégalités femmes-hommes tout au long de leur vie active ».

Ce qui est en jeu, avant tout, c’est l’aspect genré de l’éducation et des formations. Ainsi, en France, les universités de lettres et sciences humaines comptent 69,7% de femmes tandis que les formations d’ingénieurs n’en comptent que 26,9 %. Des réalités qui ont un impact direct sur les filières professionnelles : ainsi on trouve seulement 15% de femmes dans le secteur, très porteur, du numérique. Les stéréotypes culturels qui sont véhiculés sont un autre frein à l’égalité.

2.Une dynamique à l'œuvre à tout niveau

Au niveau international, l’engagement du G7

Le Canada, pays organisateur du précédent G7, a créé un Conseil consultatif sur l’égalité femmes-hommes. Au Sommet du G7, de concert avec l’Union européenne, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la Banque mondiale, il a été annoncé un investissement de près de 3,8 milliards de dollars canadiens pour offrir une éducation de qualité aux femmes et aux filles qui vivent en situation de crise, de conflit ou dans les États fragiles. Il s’agit du plus grand investissement de ce type jamais réalisé.

En 2019, la France a décidé d’élargir la composition du Conseil consultatif à des représentants de multiples secteurs (secteur privé, recherche, monde artistique, société civile, jeunesse, organisations internationales, etc). Il s’est réuni le 19 février à Paris en présence du président de la République Emmanuel Macron, qui a annoncé à cette occasion la création d’un fonds de 120 millions d’euros pour financer des ONG et des projets à l’international sur l’égalité femmes-hommes (via l’Agence française de développement). Lors du Sommet de Biarritz en août dernier, les pays du G7 et leurs partenaires ont adopté le Partenariat de Biarritz qui engage ses membres à adopter et mettre en œuvre des lois et politiques publiques progressistes en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier dans l’accès à l’éducation et à la santé, qui s’inspire des recommandations du Conseil consultatif.

En France, une grande cause nationale depuis 2018

Le Président Emmanuel Macron a déclaré l’Egalité entre les femmes et les hommes « grande cause nationale » du quinquennat en 2018. L’éducation, l’accompagnement des victimes et le renforcement de l’arsenal répressif sont les 3 piliers qui soutiendront les actions menées dans le cadre d’un plan quinquennal de lutte contre les violences sexuelles et sexistes, dans lequel tous les ministères seront impliqués.

En septembre dernier, le Gouvernement a lancé le premier Grenelle contre les violences conjugales. Durant plusieurs semaines, la mobilisation du gouvernement s‘est maintenue autour de rencontres avec les acteurs de l’égalité, des consultations citoyennes et locales ainsi que par des réunions et des travaux interministériels. Cette période s’est conclue par une série de 30 mesures autour de trois grands axes : prévention, prises en charge des victimes et actions punitives. Au total, le gouvernement a annoncé plus d’un milliard consacré à l’égalité Femmes-Hommes dès 2020.

Dans les champs de l’égalité professionnelle, la Loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel a soumis les entreprises à une obligation de résultat avec l’Index de l’égalité salariale Femmes-Hommes. Les entreprises de plus de 1 000 salariés ont l'obligation, depuis le 1er mars 2019, de publier les résultats de leur Index destiné à réduire les écarts salariaux injustifiés entre les salariés des deux sexes. Elles avaient jusqu’à début mars 2020 pour transmettre leur note globale sur 100 à l'administration. Les entreprises dont l’index se situe sous la barre des 75 points auront trois ans pour se mettre en conformité. Dans le cas contraire, elles seront sanctionnées financièrement jusqu’à 1% de leur masse salariale.

Au niveau européen, une priorité

Le 5 mars 2020, la Commission européenne a dévoilé sa stratégie quinquennale (2020-2025) en faveur de l'égalité femmes-hommes. Celle-ci repose sur une action double : à la fois le développement d’initiatives et une intégration renforcée de la dimension femmes-hommes-femmes dans toutes les politiques de l'UE. Les mesures annoncées sont en lien avec les problématiques actuelles et visent à placer les femmes comme actrices de la société européenne : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, promotion de l'émancipation économique, égalité de chances et de traitement sur le marché du travail (notamment en termes de rémunération égale et d’accès à des fonctions dirigeantes) ainsi qu’une meilleure intégration des femmes dans les secteurs de l'économie et la vie politique.

La Commission a lancé une consultation publique sur des mesures de transparence salariale. À l'issue de ce processus, elle proposera des mesures législatives contraignantes, d'ici à la fin 2020.

Cette stratégie quinquennale sera renforcée au travers de la capacité d’action des fonds européens structurels et d’investissement (FESI). Pour la période 2014-2020, le « principe d’égalité entre les femmes et les hommes » constituait déjà un principe dit « horizontaux ».

3.Zoom sur le Fonds social européen

Le Fonds Social Européen (FSE) est l’un des principaux leviers financiers européens pour soutenir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

1,7 M

Depuis 2014, plus 1,7 million de femmes ont été accompagnées dans le cadre d’actions cofinancées par le Fonds social européen.

Au-delà de l’éducation genrée, les femmes sont confrontées à des freins indirects à l’emploi tout au long de la vie comme la garde d’enfant ou encore la mobilité, notamment en fonction des territoires, comme le précise l’étude relative aux freins et aux leviers pour l’accès des femmes à l’emploi dans les territoires ruraux réalisée par l'Agence nationale de la cohésion des territoires.

Le FSE soutient les acteurs engagés dans une démarché d’égalité professionnelle, pour développer l’insertion et l'autonomie des femmes.


Retrouver l’appel à projets nationaux FSE 2020 : « Promouvoir et favoriser l’égalité et la mixité professionnelle entre les femmes et les hommes ». Vous y retrouverez un diagnostic permettant aux structures/institutions souhaitant répondre (avant le 17 avril 2020) de considérer leur engagement au travers d’une lecture des leviers pour l’action.



Prendre en compte et créer un environnement d’égalité professionnelle

Levier pour l'action :

Accompagner et outiller les acteurs pour renforcer la prise en compte de l’égalité professionnelle femmes/hommes, dans une perspective qualité de vie au travail et articulation des temps de vie.

Initiative soutenue par le FSE :

« Confluence » de l’ANACT.

L’initiative de l’ANACT vise à développer des outils et des méthodologies à destination des acteurs et des entreprises, pour appréhender l’égalité professionnelle de manière transversale, afin de prendre en compte les situations individuelles et collectives de travail. Des travaux et des outillages ont été développés sur la qualité de vie au travail, en fonction du genre, et sur les sujets en développement tels que la transformation numérique, le télétravail, les tiers-lieux comme modes d’organisation alternatifs des temps et des lieux de travail. En savoir plus sur le projet

Levier pour l'action :

Sensibiliser sur les discriminations envers les femmes dans la sphère professionnelle

Initiative soutenue par le FSE :

« Gagner l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ».

Entre 2015 et 2017, la CGT a mené une campagne de sensibilisation et créer des outils pédagogique pour informer les salariées sur leur droits et ainsi permettent de favoriser le dialogue social. Un site web dédié, 5 vidéos d’animation et un guide de la négociation « Gagner l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » ont été diffusé. Au total, 17 500 exemplaires ont été distribués.

Levier pour l'action :

Solution de garde qui s’adapte au travail des femmes

Initiative soutenue par le FSE :

« Loustic Service »

Dispositif mis en place par la communauté de communes de Haute Cornouaille en depuis 2004. Né d’une demande de l’entreprise SOCOPA, le plus gros employeur du territoire qui peinait à recruter du personnel en raison de la problématique de la garde d’enfants sur des horaires décalés notamment tôt le matin, la Communauté de Communes a ainsi mis en place un service de garde d'enfants à domicile sur des horaires atypiques et 7 jours sur 7 pour répondre aux besoins non couverts par les modes d'accueil fonctionnant en journée. Des auxiliaires de vie interviennent au domicile des parents, tôt le matin ou tard le soir, en complément des modes de garde habituels. « Loustic Services » est un accueil relais assure une continuité de la prise en charge des enfants de 2 mois et demi à 12 ans. Les faibles tarifs appliqués garantissent une accessibilité au service pour toutes les familles.

En 2018, le service est intervenu auprès d’une trentaine de familles, soit 54 salariés, dont des foyers monoparentaux. Découvrez le projet en vidéo !

Levier pour l'action :

Assurer une mobilité à toutes pour renforcer l’autonomie des femmes

Initiative soutenue par le FSE :

« Aide à la mobilité professionnelle des femmes » du CIDFF Jura.

Dans la région Bourgogne Franche-Comté, comme partout en France, les femmes sont majoritairement impactées par les difficultés d’accès à la mobilité, qui constituent un frein à l’emploi. Relevant ce constant, le CIDFF du Jura a mis en place un dispositif d’accompagnement et d’aide financière à destination des femmes confrontées à des frais de déplacements occasionnés par l’entrée en formation ou d’accès à l’emploi. Les femmes sont reçues en entretien et dirigées vers les différents partenaires du département, en priorité les structures sociales (garages solidaires et auto-écoles sociales). Sur la période 2014-2016, 371 femmes ont été accompagnées : 60 % d’entre elles étaient en situation d’emploi six mois après l’attribution d’une aide. En savoir plus sur le projet.

4.Zoom territorial

« Favoriser l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux »

Le guide Favoriser l’accès à l’emploi des femmes dans les territoires ruraux élaboré par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, en partenariat avec le ministère du Travail, représenté par la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), et le Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, représenté par le Service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes (SDFE).

5.Zoom territorial (suite)

« Avis du Conseil national des villes, La place des femmes et des jeunes filles dans les espaces publics dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville »

Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), les femmes sont confrontées à de nombreuses entraves au principe d’égalité qui affectent notamment leur émancipation et leur plein accès aux droits fondamentaux. Beaucoup subissent une double discrimination en raison de leur sexe d’une part, et de leur origine réelle ou supposée, ou en raison de leur lieu d’habitation, d’autre part (…).

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