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D.E.F.I.T.H 60 : Quand l’insertion passe par l’innovation
En Picardie, l’association D.E.FI.T.H 60 s’appuie sur des procédés innovants de recyclage de déchets électroniques pour mettre sur le chemin de l’emploi des personnes handicapées en grande précarité. Ce projet est financé par le Fonds Social Européen dans le cadre du P.O.N « Emploi et Inclusion » 2014-2020.
Les chiffres sont sans appel. Le taux de chômage des personnes handicapées (19 %) est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Seulement 3 % de salariés handicapés sont recrutés par les entreprises, loin des 6 % exigés par la loi. Préjugés, accessibilité limitée des bâtiments, manque de qualification... les obstacles à l'insertion professionnelle de ces publics sont multiples.
Dans l’Oise, l’association D.E.F.I.T.H 60 (Développement par l’économie, la formation et l’insertion des travailleurs handicapés de l’Oise) mise sur l’innovation sociale pour inverser la tendance. A sa tête, Marc Ben Taleb, ancien enseignant-chercheur à l’université de Lille, à l’approche de la soixantaine décide de quitter les bancs de la fac. Direction le monde associatif. « J’avais besoin d’un challenge, mettre mes connaissances au service des publics fragiles, notamment les personnes handicapées exclues du monde professionnel. », affirme le scientifique, qui vit aussi le handicap au quotidien au sein de sa famille.
Pour D.E.F.I.T.H 60, Marc Ben Taleb développe des process inédits en France pour le recyclage des ordinateurs, smartphones et cartouches d’imprimantes. Exemple : le fractionnement ciblé, qui sépare un à un tous les composants présents dans la cartouche : plastique, acier, aluminium, etc. Une fois traité, il ne reste aucun déchet industriel à incinérer. Tout est réutilisé en tant que matière première pour l’industrie. « Chaque année, nous récupérons ainsi 80 tonnes de plastique réutilisées pour fabriquer des pare-chocs de voiture », illustre Marc Ben Taleb.
Véritable laboratoire d’innovation, D.E.F.I.T.H 60 crée en 2012 un atelier d’insertion dédié au recyclage des e-déchets. 1 200 tonnes d’équipements usagés sont collectées chaque année. L’association recrute 24 personnes, femmes et hommes, par an, en situation de handicap physique, sans qualification, longtemps privés d’emploi, et en grande précarité. « Le démantèlement des déchets électroniques est adapté à leur handicap. Contrairement à la majorité des chantiers d’insertion qui sont éprouvants physiquement », souligne Marc Ben Taleb.
L’atelier comprend une forte dose de formation aux côtés d’un ingénieur salarié de l’association. « Nous les préparons aux métiers du recyclage, mais aussi de techniciens en maintenance informatique et réparateurs en électronique. Grâce aux centaines de tonnes d’équipements informatiques collectés, les salariés apprennent à diagnostiquer les pannes, puis à les réparer », précise Marc Ben Taleb. Autre atout, un conseiller socio-professionnel les coache quotidiennement dans l’élaboration d’un projet pérenne de retour à l’emploi.
Cet accompagnement renforcé de publics fragiles porte ses fruits. A l’issue du chantier d’insertion, 8 salariés sur 10 sont recrutés en CCD/CDI dans les entreprises locales ou entament une formation qualifiante. « Ils reprennent confiance en eux. Avant de nous rejoindre, ils étaient exclus du monde du travail. Ils sont aujourd’hui « employables ». Ici, ils utilisent des techniques innovantes uniques en France, se forment à des métiers dans des secteurs – le recyclage et l’informatique – qui recrutent », conclut Marc Ben Taleb, qui a justement rejoint D.E.F.I.T.H 60 pour relever ce genre de défis. Le Fonds Social Européen soutient cette initiative avec une subvention de 30 000 euros versée en 2016 et 40 000€ en 2017.