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Sensibiliser et former les acteurs syndicaux à l’égalité professionnelle en Ile-de-France
Avec un revenu salarial inférieur de 24 % à celui des hommes et seulement 14 % des postes de direction occupés par des femmes, faire avancer l’égalité professionnelle dans les entreprises reste une priorité. Les rencontres intersyndicales, organisées en Ile-de-France par le Cabinet de formation Emergences, visent à sensibiliser et former les représentants du personnel et délégués syndicaux à cette question. Kéo Nackphouminh, la cheffe de projets en charge de l’opération, revient sur cette initiative cofinancée par le FSE depuis 2013.
Où en est-on aujourd’hui en matière d'égalité professionnelle ?
L’égalité professionnelle homme/femme n’est toujours pas atteinte malgré de nombreuses lois en ce sens. Les inégalités se manifestent de multiples façons : à l’embauche, dans l’accès aux fonctions de direction, sur le plan salarial… Elles existent aussi dans l’accès aux formations, à la fois en termes de volume horaire et sur le plan de la nature de la formation : les femmes participent davantage à des formations d’actualisation des compétences qu'à des formations d’évolution dans l’emploi permettant de gagner des échelons, d’avoir une carrière ascendante et un meilleur salaire.
C’est dans ce contexte que ce projet est né…
Pour améliorer l’égalité professionnelle dans les entreprises, la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l'Égalité (DRDFE) et la Direccte Ile-de-France ont eu l’idée de sensibiliser et former les acteurs syndicaux à cette question. L’opération a débuté en 2011 dans le département des Hauts-de-Seine, puis s’est élargie au département des Yvelines en 2013 et à la Seine-Saint-Denis en 2015. L’objectif était double : réunir l’ensemble des acteurs concernés par le thème de l’égalité professionnelle (organisations syndicales, Direccte, délégations départementales aux droits des femmes et à l'égalité…) et outiller les représentants du personnel dans leur mission de veille à l’égalité professionnelle.
Quel est le rôle des représentants du personnel et acteurs syndicaux en matière d’égalité professionnelle ?
Ils ont pour mission de lutter contre toutes les formes d'inégalité et de discrimination dans l'emploi et au travail, et de veiller à l’effectivité du principe d’égalité Pour aller plus loin L’Europe s’engage pour l’égalité professionnelle femmes/hommes professionnelle entre les hommes et les femmes. Or, les représentants du personnel sont peu formés à l’égalité professionnelle ; ils ont un crédit d’heures de formation limité et il n’y a pas d’obligation de leur fournir une formation dans ce domaine. Par manque de connaissances et de méthodes, ils jouent assez peu leur rôle de « vigies » de l'égalité professionnelle.
Comment sensibiliser et former les acteurs syndicaux à ce rôle de « vigie » ?
Nous avons organisé des rencontres de travail au sein de chaque département concerné par l’action pour faire travailler ensemble organisations syndicales et services de l’État. L’objectif ? Partager des informations et actualités sur le thème de l’égalité professionnelle et acquérir des connaissances pratiques et théoriques, notamment sur la législation en cours. Des temps de travail en atelier ont été organisés avec des mises en pratique, des études de cas concrets… Nous avons aussi mis en place des rencontres d’information et de débat autour de sujets connexes tels que les stéréotypes de genre, l’articulation des différents temps de vie (plus difficile à réaliser pour les femmes davantage responsables des charges domestiques), les violences sexistes et sexuelles, les inégalités de rémunération entre les femmes et les hommes…
Pouvez-vous nous donner un exemple de travail en atelier ?
Nous avons, par exemple, eu l’occasion de travailler sur les « rapports annuels de situation comparée ». Ces rapports sont obligatoires dans les entreprises où il y a au moins 50 salariés. Ils consistent en un diagnostic de la situation des conditions d’emploi et de formation des hommes et des femmes dans l’entreprise. Les représentants du personnel doivent donner leur avis sur l’égalité professionnelle dans l’entreprise : comment se manifeste-t-elle et comment l’employeur agit en ce sens. Ce rapport leur est communiqué mais, bien souvent, ils n’ont pas toutes les clés en main pour l’analyser et mettre en place des actions. Au cours de ces ateliers, on essaye de leur donner des guides et des clés de lecture pour faciliter leur mission.
Comment susciter et maintenir l’intérêt des acteurs sur cette thématique ?
Il est vrai que l’égalité professionnelle n’est pas toujours considérée comme prioritaire contrairement à des sujets comme le maintien dans l’emploi. En réalité, toutes ces questions sont liées : discriminations au travail, gestion de carrière, maintien dans l’emploi, santé physique et psychique. Pour stimuler l’intérêt des participants, nous avons fait appel à un collectif de comédiens et comédiennes, notamment lors de la rencontre dédiée aux violences sexistes et sexuelles.
Le projet s’est terminé en 2017… Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Au total, 24 structures ont été associées à la démarche. Ce chiffre avoisine le millier si on comptabilise toutes les participations depuis le début du projet. La prise de conscience par les acteurs concernés des inégalités professionnelles femmes-hommes a beaucoup progressé. Les participants ont compris qu’il n’y avait pas de fatalité, mais des outils et méthodes pour les repérer et y remédier. Surtout, un véritable travail collaboratif s’est mis en place entre organisations syndicales et services de l’État. Des connexions se sont tissées et perdurent après la fin du projet.