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« Réponse à la crise », un appel à projets inédit des acteurs du FSE en Nouvelle-Aquitaine
Il s’agit d’un projet inédit et unique. Mis en place via des groupes de travail, cet appel à projets commun démarré en juillet permet d’accompagner un public fragilisé par le contexte de la crise sanitaire et économique. Répondre aux conséquences du confinement, accompagner la relance économique et assurer la continuité de l’activité. « Réponse à la crise » fédère la mobilisation de tous les crédits européens du programme national FSE en proposant 3 leviers pour l’action : une entrée unique pour les porteurs de projet, la couverture du spectre des besoins exprimés par les territoires et une intervention adaptée à l’évolution de la crise, à l’échelle du territoire de l’ex-région Aquitaine.
Pour parler du projet nous avons réuni trois acteurs impliqués au quotidien : Valérie Chamouton, Responsable des politiques territoriales et européennes au sein du département de la Dordogne, Hakim Fakhet, Responsable du service Fonds social européen (site de Bordeaux) de la Direccte Nouvelle-Aquitaine et Aurore Barrau, Responsable adjointe du service FSE (site de Bordeaux) et cheffe de projet de l’appel à projets « Réponse à la crise ».
Qu’est-ce-que « Réponse à la crise » et quels sont les axes principaux du projet ?
Hakim Fakhet
C’est un appel à projets inédit, partagé entre l’État et les organismes intermédiaires. Sa particularité ? La façon dont nous l’avons conçu. C’est-à-dire via des échanges, des remontées de besoins territoriaux et en mettant en place un groupe de travail.
L’idée était d’avoir une réponse concrète à ce contexte exceptionnel. Nous avons estimé pour notre part qu’il était inconcevable que le FSE ne puisse pas jouer un rôle important dans cette situation.
Cet appel à projets est composé de trois dimensions : répondre aux conséquences engendrées par la période de confinement et liées à la crise sanitaire, accompagner la reprise de l’activité économique au sens large et anticiper les nouvelles situations de besoin créées par le contexte de la crise.
Très vite, nous nous sommes rendus compte que cette crise était mutante et regroupait de nombreuses dimensions autres que sanitaire. Nous avons alors intégré la dimension de la reprise économique et l’accompagnement global de toute activité dans le cadre de l’emploi, de la lutte contre le décrochage scolaire ou de toute autre thématique en lien avec le programme opérationnel du FSE.
Cet appel à projets est également un outil pensé pour durer dans le temps, il nous fallait donc mettre en place la dimension de l’anticipation dans l’idée d’une possible seconde vague afin d’envisager différentes situation comme celle d’aujourd’hui notamment.
Valérie Chamouton
Je compléterai en disant qu’il y a deux intérêts majeurs à cet appel à projets. Le premier est de voir comment, sur les territoires, les gestionnaires des crédits FSE pouvaient s’organiser pour répondre aux effets de la crise de la Covid.
Et il n’y a pas uniquement l’aspect de l’emploi. Nous l’avons bien remarqué au niveau du département, cette crise a des conséquences majeures sur les publics fragiles comme les bénéficiaires du RSA par exemple. Nous souhaitions activer à une échelle supra-départementale des solutions et ouvrir des financements pour pouvoir s’organiser sur la gestion de la crise et post crise.
Le second intérêt pour nous c’est de faire tronc commun et de travailler avec les services de l’État. C’est parfois compliqué pour les porteurs de projets de jongler entre l’État, la Région et les départements. Pour nous c’est extrêmement intéressant d’avoir une seule entrée unique pour cet appel à projets « Réponse à la crise ». C’est-à-dire un appel à projets commun où chacun y met des financements et des actions particulières pour répondre aux effets de la crise. C’est une visibilité unique pour les porteurs de projet. Une entrée commune où tous les acteurs sont en ordre de marche. Nous sommes co-partenaires pour répondre à ces demandes et aiguiller en interne pour les gérer.
Quel type d’initiatives et d’actions peuvent être éligibles à cet appel à projets ? Y a-t-il des secteurs pour lesquels les actions sont particulièrement attendues ?
Aurore Barrau
Les groupes de travail ont permis de faire remonter des besoins territoriaux, il était important qu’on ne parte pas de la théorie mais bien de besoins réels et légitimes, ancrés sur les territoires.
Nous avons sélectionné des types d’actions et des dispositifs pertinents à mettre en œuvre dans le contexte de la crise pour adapter les dispositifs existants de retour vers l’emploi notamment. Le groupe de travail a également identifié des nouveaux besoins d’équipements pour les entreprises, les écoles et les personnes en difficulté.
Par exemple, la crise a mis en avant des inégalités en terme d’accès au numérique, et nous avons voulu intervenir dans l’éducation afin de lutter contre le décrochage scolaire. De même, sur un volet d’inclusion sociale, de nombreuses personnes sont encore loin du numérique.
Le public ciblé représente plutôt des personnes vulnérables souvent déjà accompagnées par des dispositifs soutenus par le Fonds social européen. Mais cet appel à projets cible aussi des salariés récemment licenciés, des jeunes diplômés qui, dans ce contexte économique et sanitaire actuel, ont besoin d’un accompagnement spécifique. Ce sont des publics moins outillés pour faire face à cette situation.
Et puis, il y a aussi les personnes en situation de handicap, qui se sont retrouvées particulièrement en difficulté pendant cette période. La crise a accentué leur sentiment d’exclusion.
Valérie Chamouton
Via cet appel à projets, nous accompagnons également des structures qui pendant les deux mois de confinement ont mobilisé de gros moyens pour accueillir des publics fragilisés. Il y a eu un arrêt de l’activité économique certes mais les structures sociales ont elles été très sollicitées. Il peut s’agir d’entreprises, de structures d’insertion, d’associations, de collèges ou de lycées etc. Le bénéficiaire final peut être un salarié, une personne en recherche d’emploi ou bien un élève.
Chacun a fait remonter ses secteurs économiques les plus impactés, comme celui du tourisme en Dordogne. Il s’agit d’un secteur qui permet d’absorber rapidement des publics fragilisés en terme d’emplois saisonniers mais en mars ces entreprises ont dû tout arrêter. Ce ralentissement économique a fragilisé les publics déjà fragiles.
Hakim Fakhet
« Réponse à la crise » nous a permis de partir du postulat que tous les secteurs ont été impactés ! De notre côté, nous avons identifié deux secteurs très touchés : le secteur économique et le secteur éducatif.
Dans le secteur économique, des entreprises ont eu des difficultés à recruter (c’est le cas notamment dans le secteur agroalimentaire) alors que d’autres avaient une baisse significative de leur activité voire dans certains cas un arrêt complet de celle-ci. Ce sont deux dynamiques très différentes qui requièrent parfois une réponse coordonnée et/ou symétrique.
Pour ce qui est du secteur éducatif, c’est le manque d’équipements qui est remonté. Nous devons permettre aujourd’hui des formations de l’enseignement à distance pour les enseignants. Aujourd’hui encore, de nombreuses écoles doivent fermer et assurer une continuité pédagogique est vraiment crucial.
En quoi cet appel à projets constitue une réponse inédite à un contexte inédit ?
Hakim Fakhet
Le rôle de chacun aujourd’hui est d’être co-partenaire dans la mise en œuvre comme le disait Valérie Chamouton. Nous restons informés afin d’avoir une vision à 360 et nous relayons les dispositifs de façon à avoir une stratégie commune face à la crise. L’appel à projets est le ciment de cette nouvelle méthode de travail et a permis de réunir tout le monde autour de la table.
Auparavant nous avions chacun un rôle très défini et cantonné pour ce qui des organismes intermédiaires (OI) à leurs territoires. Aujourd’hui, à travers cet appel à projets, nous sommes partenaires : nous évaluons ensemble et créons ensemble. L’idée est d’apporter une réponse multidimensionnelle, chacun dans sa compétence, mais dans le cadre d’une même stratégie.
Pour prendre l’exemple d’un collège, le confinement a pu être un traumatisme pour beaucoup, le département apporte une réponse socio-psychologique et s’il y a un risque de décrochage scolaire alors c’est également l’affaire des services de l’État. Nous n’aurons pas plusieurs demandes mais un dossier unique avec une réponse globale.
Aurore Barrau
Très rapidement tout le monde a eu envie d’agir face au contexte, on s’est dit pourquoi ne pas agir en commun ? Non seulement pour avoir plus d’impact et de visibilité mais également pour mettre en place une stratégie commune dans le territoire de l’ex- région Aquitaine. Pour répondre aux besoins et sélectionner ensemble ce sur quoi peut intervenir le FSE. C’est vraiment inédit pour nous. Nous ne nous étions jamais mis autour d’une table pour établir une stratégie commune comme celle-là.
Valérie Chamouton
Je confirme et j’insiste ! C’est véritablement un fonctionnement qui pourrait nous inspirer pour la prochaine gestion des crédits européens. C’est quoi l’Europe ? Les fonds européens ? Comment sont-ils redistribués sur les différents territoires ? Il faut partir d’un constat, nous avons une gestion de ces fonds européens très segmentée.
Une partie est gérée par le FSE, une autre par l’État, encore une autre par les régions, les départements ou les Plans locaux pour l’insertion et l’emploi (PLIE). Cela fait beaucoup de gestionnaires et le porteur de projet ne connaît pas cette architecture. Cela peut être très impressionnant et démotivant.
Cet appel à projets est une entrée unique. Cette organisation n’enlève pas nos compétences de gestion mais pour le porteur de projet il n’y a plus cette architecture dissociée et c’est, me semble-t-il, un grand pas en avant.
Rendez-vous sur la page de l’appel à projet