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Quand l’économie sociale et solidaire se révèle à soi
Importées du Québec, les Coopératives Jeunesse de Services accueillent durant l'été des jeunes adolescents pour leur faire découvrir le monde de l’entrepreneuriat et apprendre à mener à bien des projets de création d’activité. Au sein de la coopérative d'activités et d'emploi « Coopérer pour Entreprendre », Nelly Lechaplain diffuse en France ce modèle coopératif.
Avant de rejoindre le monde coopératif, Nelly Lechaplain a eu une première vie. Diplômée d'une école de commerce, cette Rennaise a d’abord travaillé dans la grande distribution et le marketing. Puis, le besoin de s'engager dans le social a été de plus en plus fort. En 2007, elle décroche un master en économie sociale à l'Université Rennes 2 et rejoint Coopérer pour Entreprendre (CPE), un réseau coopératif qui fédère 74 Coopératives d’Activité et d’Emploi (CAE) et plus de 7 000 entrepreneurs salariés.
C’est lors d’un voyage au Québec début 2010 que Nelly Lechaplain, ainsi qu’un groupe d’acteurs bretons de l’économie sociale, réunis dans le cadre du Forum international de l’économie sociale et solidaire, découvrent les Coopératives Jeunesse de Services, ces projets d'éducation à l'entrepreneuriat coopératif à destination des jeunes. Fascinés par le concept, ils décident de l’importer en France et de le déployer en s’appuyant sur Coopérer Pour Entreprendre.
Les Coopératives Jeunesses de Service, un espace pour apprendre à entreprendre
En 2013, Nelly lance en Bretagne l'une des premières coopératives de ce type. Depuis, elle est devenue déléguée nationale des CJS, un projet qui compte aujourd’hui 47 coopératives en métropole et une 48ème en cours de création sur l’Ile de La Réunion.
Les Coopératives Jeunesses de Services, ce sont des adolescents entre 16 et 18 ans qui se regroupent au sein d’une coopérative pendant deux mois au cours de l’été pour apprendre à mener à bien un projet d’activité économique sur un territoire.
Le projet est encadré par un comité local d'acteurs du territoire et porté juridiquement par une Coopérative d'Activité et d'Emploi. Les jeunes sont accompagnés par deux animateurs formés autour d’une pédagogie active et ludique. Ils sont épaulés par un parrain économique (la CAE), pour les aspects administratifs et commerciaux, et par un parrain jeunesse (structure d’éducation populaire, centre social…) pour la pédagogie dédiée aux jeunes et la dynamique collective. Un relais régional anime et accompagne quant à lui 10 à 20 CJS par région.
On compte plus de 600 jeunes au total dans les CJS, dans une parité fille/garçon respectée. Neuf sur dix sont scolarisés, les autres sont en décrochage scolaire ou demandeurs d’emploi : "Une CJS réunit en moyenne une quinzaine d'adolescents. Le but n'est pas de faire du chiffre d'affaires mais avant tout de créer un espace où les jeunes s'émancipent et goûtent l'envie d’apprendre, d’entreprendre et de s'engager", explique Nelly, pour qui le côté éphémère de l’opération lui donne son originalité : « L’essentiel est de semer une graine, de donner envie et pourquoi pas, créer des vocations ! ».
Une opération qui s’inscrit dans la logique du FSE : s’autoévaluer pour s’améliorer !
Si Coopérer pour Entreprendre travaille sur un projet d’évaluation d’impact à long terme des CJS, la coopérative a déjà pu établir quelques constats « à chaud ».
Le premier est que l’opération est victime de son succès : malgré le peu de moyens dédiés à la communication, les coopératives rencontrent un fort engouement chez les jeunes sur le terrain. Le second renvoie à la pérennité financière du projet. Nelly signale à propos des sources de financement : « Nous n’avons aucune visibilité à ce stade. Les premières pistes de diversification des financements n’ont pas encore abouti et La France s’engage s’arrête en septembre 2018. »
Cette problématique révèle l’importance croissante des financements européens pour les porteurs de projet. Outre ceux du CGET et de La France s’engage, l’opération CJS a bénéficié de 121 740,90 € de FSE sur la période du 01/01/2016 au 31/12/2017. Ce soutien européen a notamment permis le recrutement, la formation et l’outillage des relais régionaux et des animateurs locaux, des étapes essentielles à la réussite du projet.