Œuvre Falret et l’Emploi Accompagné – Interview d’Alice Launet

Qu’est-ce-que l’association « Œuvre Falret » et en quoi consiste le projet soutenu plus particulièrement par le Fonds Social Européen ?

Il s’agit d’une association loi 1901 qui est gestionnaire d’établissements et de services sociaux et médicaux-sociaux. Reconnue d’utilité publique, Œuvre Falret est spécialisée dans la santé mentale et existe depuis 180 ans environ. Le nom de l’association vient d’ailleurs du nom du psychiatre du XIXème siècle, Jean-Pierre Falret, qui Pour aller plus loin Un numéro vert national pour venir en aide aux personnes en situation de handicap a été un des premiers médecins à mettre en évidence ce que l’on appelait à l’époque les « troubles circulaires », aujourd’hui la bipolarité.

L’association est principalement implantée en Île-de-France avec une quarantaine d’établissements et de services qui s’adressent au public avec un handicap psychique. C’est dans le cadre des services d’Emploi Accompagné, inscrits dans la loi travail El Khomri de 2016, que le FSE intervient.

Nous avons deux services d’Emploi Accompagné : l’un en Seine-Saint-Denis et l’autre dans les Yvelines qui visent à accompagner des personnes en situation de handicap, de 16 ans jusqu’à la retraite, à la fois vers l’emploi et dans l’emploi. Et nous accompagnons également les employeurs et les entreprises. Le tout, sans limite de temps !

Dans le cadre du programme européen, nous avons obtenu un engagement de financement pour le public de demandeurs d’emploi uniquement mais cela nous permet de toucher des personnes résidant dans toute l’Île-de-France.

Comment accompagnez-vous les personnes en situation de handicap vers l’emploi ? Comment se concrétise cet engagement ?

Chaque personne est accompagnée d’un Conseiller en Emploi Accompagné, autrement appelé « Job coach ». Nous les accompagnons aussi bien de manière individuelle que collective. Quel est leur projet professionnel, quelles sont leurs aspirations, leurs besoins particuliers en fonction de leur handicap ?

Nous les accompagnons également de manière plus classique, allant de la recherche d’emploi, en passant par la rédaction de son CV et d’une lettre de motivation jusqu’à la préparation d’un entretien d’embauche. Nos équipes pluridisciplinaires les accompagnent également en rendez-vous, sur des salons ou des forums.

C’est un véritable travail de fourmi de détecter les compétences et les capacités d’une personne mais également d’identifier ses besoins particuliers dans le cadre d’un emploi. L’enjeu aussi est de savoir comment parler de son handicap à un futur employeur. Par exemple : « Qu’est ce que je veux bien dire ? Qu’est ce qu’on a le droit de me poser comme question ? Et si on me pose des questions, comment je fais pour y répondre ». L’objectif pour nous est que tout se passe bien une fois en poste, que la personne accompagnée donne satisfaction sur la mission dans l’entreprise sans se mettre en difficulté.

Pour ce faire, nous travaillons avec tous les partenaires du service public de l’emploi, les Missions locales, Pôle Emploi et Cap Emploi. En parallèle, nous proposons aussi des ateliers collectifs pour aborder certaines thématiques pour qu’ils puissent partager leurs idées et leurs expériences professionnelles passées.

C’est aussi le moment idéal pour échanger autour de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), la gestion du stress, etc.

Quel a été le rôle du Fonds Social Européen dans ce dispositif ?

Le FSE nous permet d’accompagner un public plus large aujourd’hui. Nos services d’Emploi Accompagné sont soumis à trois conditions : habiter le département de Seine-Saint-Denis ou des Yvelines, d’avoir une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) et d’avoir une notification de la part de la MDPH (Maison Départementale des personnes handicapées).

Grâce au FSE, nous pouvons désormais accompagner toute personne inscrite comme demandeur d’emploi et vivant en Île-de-France. Nous pouvons alors accueillir des personnes qui souffrent de troubles psychiques mais pour qui le processus d’acceptation de la maladie est très long et qui n’ont pas encore fait une demande de RQTH.

Il s’agit d’un dispositif encore récent et nous aimerions le poursuivre et le reprogrammer pour 2021. Et pourquoi pas le développer à d’autres régions de France !

Quelles sont les spécificités de ce public et la particularité de l’accompagnement ?

Quand on parle de handicap psychique, on parle aussi de handicap invisible. C’est vrai qu’il y a un processus long d’acceptation de la maladie et le handicap n’est pas aussi affiché qu’une personne en fauteuil roulant par exemple. Nous travaillons aussi sur la stigmatisation et sur le fait d’exprimer les choses sans pour autant faire peur.

“ Quand on parle de handicap psychique, on parle de handicap invisible” Alice Launet Directrice Emploi et Relations Entreprises Œuvre Falret

Pendant la période du confinement, nous avons continué nos accompagnements à distance par le biais de visioconférences et d’entretiens téléphoniques. Nous avons également essayé de transformer cette crise sanitaire en opportunité pour l’utilisation du numérique et avons réalisé des Webinaires (séminaires en ligne). Les personnes accompagnées ont également pu suivre des formations en ligne. En santé mentale, le rétablissement est l’équivalent de la guérison et concerne le devenir de la personne. Le travail est un des piliers du rétablissement pour le handicap psychique.

Il s’agit d’un public avec des fragilités dues aux troubles psychiques, nous avons également élargi notre mission pendant ces deux mois et demi en appelant très régulièrement les personnes pour les soutenir moralement, les accompagner dans l’organisation du quotidien et faire du soutien psychologique au-delà même de la mission autour de l’emploi.

L’œuvre Falret et le #FSE accompagnent les personnes avec des troubles psychiques vers l’emploi

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