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L’accompagnement et l’inclusion des jeunes en situation de handicap
Au rectorat de Toulouse, le Groupement d’Intérêt Public – Formation Continue Insertion Professionnelle (GIP-FCIP)[1] anime, à la demande de la rectrice et avec le soutien du FSE, une Plateforme d’Accompagnement à l’Inclusion Professionnelle en faveur de jeunes en situation de handicap. Explications de Frédéric Detchart, inspecteur conseiller technique pour l’adaptation scolaire et la scolarisation des élèves handicapés ou présentant une maladie invalidante de la santé (ASH) et Amélie Delgado, chargée de mission insertion handicap, tous deux à l’Académie de Toulouse.
Qu’est-ce qui vous a amené à mettre en place ce projet soutenu par le FSE ?
Frédéric Detchart : Les Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire (ULIS) permettent l’accueil de petits groupes d’élèves présentant le même type de handicap dans un collège, un lycée général, technologique ou professionnel. Or, ces dernières années, très peu d'élèves des ULIS trouvaient un emploi.
Les opérateurs de droit commun connaissaient mal ce public et les entreprises ne savaient pas comment aborder les problématiques spécifiques les concernant. Des réponses ont alors été imaginées et se sont progressivement structurées autour d’une Plateforme d’Accompagnement à l’Inclusion Professionnelle, plateforme pour laquelle des demandes de financement ont été réalisées auprès du Rectorat de Toulouse, de la Région Midi-Pyrénées, de l’AGEFIPH, de la DIRECCTE Occitanie et du FSE.
Qui gère actuellement la plateforme ?
Amélie Delgado : Une psychologue du travail, enseignante spécialisée en ULIS, coordonne la plateforme, aidée par deux chargés d’insertion. Ils Pour aller plus loin #SEEPH2018 : Les femmes en situation de handicap et l’emploi proposent des actions d’accompagnement consistant à évaluer leur profil, définir un projet d’orientation professionnelle, renforcer leurs compétences, initier des contrats ou des stages et développer leur autonomie sur le plan social (recherche de logement, utilisation des transports, accès au permis de conduire…).
Qu’est-ce qui différencie la plateforme de ce qui existe déjà ?
Frédéric Detchart : C'est une approche par l’individu plutôt que par le handicap. Nous adaptons l’offre au besoin du jeune. S’il a besoin de 100 heures de formation, on les lui donne. Nous travaillons aussi bien avec les enseignants coordonnateurs d’ULIS qu’avec les jeunes et leurs familles, les services de soin, les entreprises… de manière à envisager toutes les dimensions de l’accompagnement.
Les chargés d’insertion se déplacent auprès des jeunes, leur donnent rendez-vous dans un café… Ils travaillent beaucoup avec le téléphone, avec Skype… La plateforme peut aussi mobiliser des éducateurs spécialisés prestataires pour lever des freins spécifiques (problèmes de santé, difficultés de déplacement…).
Nous travaillons aussi l’autonomie sociale des jeunes. Interpellée par la fragilité de certaines situations des jeunes suivis par la PAIP, l’équipe du Rectorat a décidé de créer une association nommée Pénélope. Cette dernière propose de mettre en lien des jeunes dont la situation professionnelle est stabilisée avec des parrains et marraines bénévoles qui seront présents pour répondre à leurs besoins et ainsi favoriser leur maintien dans l’emploi et leur insertion sociale.
En quoi votre projet contribue-t-il à faire évoluer les pratiques d’accompagnement des jeunes en situation de handicap ?
Amélie Delgado : Il participe à une meilleure prise de conscience de la finalité professionnelle des enseignements. Les équipes pédagogiques des lycées avec lesquelles nous travaillons s'inscrivent de plus en plus dans la perspective de la sortie en s’assurant en amont que les jeunes disposent des compétences nécessaires à leur insertion.
Autre atout, le souci croissant de rendre opérationnel l’accès à l’emploi. Grâce à ses liens avec les entreprises, la plateforme permet de sortir du cadre classique de l’Education Nationale où les jeunes sortis n’ont souvent comme seul horizon que celui de rester à domicile ou d’aller en ESAT.
Nous contribuons aussi à changer le regard sur le handicap, en partant du principe que l’insertion des personnes handicapées en milieu ordinaire est possible, jusqu’à preuve du contraire.
Etes-vous satisfaits des résultats obtenus ?
Frédéric Detchart : Nous sommes très satisfaits. Des jeunes qui n’avaient aucune chance d’être en emploi, pour lesquels beaucoup d’opérateurs de Pour aller plus loin Place et parcours des personnes en situation de handicap dans les projets soutenus par le FSE droit commun n’avaient pas d’espoir de recrutement, ont aujourd’hui décroché un travail. Les opérateurs reconnaissent la qualité de la plateforme grâce à son fonctionnement souple et « à la carte ».
Avez-vous identifié des difficultés et des points à améliorer ?
Amélie Delgado : Nous avons besoin de renforcer le démarchage des entreprises pour élargir les choix d’orientation des jeunes même si nous gardons en tête que l’objectif est d’abord de mettre un pied dans l’entreprise, quelle que soit la nature du contrat.
Nous avons aussi des problèmes avec certaines familles qui ont du mal à comprendre qu’après avoir obtenu leur autonomie financière, les jeunes doivent aussi développer leur autonomie de vie. L’éloignement est souvent difficile à supporter les premiers temps.
Quelles sont les clés de réussite pour intervenir sur ce champ du handicap et de l’emploi ?
Frédéric Detchart : Il faut avoir une vue systémique et travailler avec tous les acteurs pour répondre à la mosaïque de besoins des jeunes. Une certaine souplesse est aussi nécessaire pour ne pas standardiser l’accompagnement. Enfin, la proximité avec les entreprises est un gage de succès.
Qu’attendez-vous du FSE ?
Frédéric Detchart : Nous attendons du FSE qu’il nous aide à pérenniser et essaimer la démarche. En 2017, 88 jeunes en situation de handicap avec le statut éligible de demandeurs d’emploi ont vu leur accompagnement soutenu par du FSE sur les 108 pris en charge par la plateforme.
La plateforme est d’ores et déjà reconnue pour sa fiabilité par les acteurs sur le territoire. Les opérateurs de droit commun et médico-sociaux comptent désormais beaucoup sur ce type d’accompagnement. L’académie d’Aix-Marseille s’est engagée sur un travail similaire. Le Ministère est intéressé par notre démarche.
Pour en savoir plus...
[1] a pour objet la mise en œuvre et le développement d’une coopération au niveau de l’académie, dans les domaines de la formation continue des adultes, de la formation et de l’insertion professionnelle.