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La mobilité des jeunes en Europe

14.05.2018 Actualités

L’enquête européenne Eurostat sur les forces de travail (EFT) 2016 portant sur les jeunes et le marché du travail indiquait que la moitié des jeunes sans emploi dans l’Union européenne (UE) étaient prêts à s’établir ailleurs pour décrocher un emploi. Le constat est que seulement 1 % d'entre eux se sont établis dans un autre État membre pour obtenir leur emploi actuel.

En effet, autour de 50 % des demandeurs d’emploi de 20 à 34 ans dans l’Union européenne (UE) déclaraient être prêts à changer de lieu de résidence pour décrocher un emploi :

21 % étaient disposés à déménager dans leur pays de résidence ;
12 % à s’établir ailleurs dans l’UE
17 % d’entre eux étaient même prêts à quitter l’UE afin de commencer ou de consolider leur vie professionnelle.

Cependant, même si la mobilité communautaire est l’un des piliers de la consolidation d’une citoyenneté européenne, une nette marge d’amélioration subsiste.

Quels sont les principaux freins à la mobilité ?

Le niveau d’éducation des jeunes semble être un élément discriminatoire. Ainsi, plus le niveau d’éducation est élevé, plus ils sont disposés à s’établir ailleurs pour obtenir un emploi. La variable liée au fait de déménager dans un autre pays ne fait que creuser les écarts : 16 % des jeunes ayant un niveau d’éducation élevé sont prêts à quitter leur pays de résidence contre seulement 10 % parmi les moins éduqués.

Par ailleurs, la non-maitrise des langues peut constituer elle aussi un frein à la mobilité intra-communautaire des jeunes. Si le plurilinguisme et l'ouverture aux langues sont au cœur du projet européen et restent une priorité pour la Commission européenne, cette barrière à la fois symbolique et concrète représente un autre élément d’explication du taux relativement bas des jeunes établis dans un autre État membre pour obtenir leur emploi actuel.

Au sein de l’Union européenne, les disparités semblent être aussi géographiques. Alors que les parts les plus élevées de personnes disposées à s’installer ailleurs dans l’UE sont observées en Estonie et en Croatie (26 % chacune), plus de deux tiers des chômeurs âgés de 20 à 34 ans à Malte (73 %), aux Pays-Bas (69 %) et à Chypre (68%) ne sont pas disposés à déménager pour les besoins d’un emploi. Par ailleurs, en 2016, dans dix-sept Etats membres de l’Union européenne, plus de la moitié des jeunes demandeurs d’emploi n’étaient pas prêts à s’établir ailleurs pour trouver un emploi.

Erasmus + ou l’acculturation des jeunes à la mobilité européenne

Pour répondre à cette envie et dépasser le blocage social et psychologique à la mobilité, l’Union européenne a envisagé depuis sa création des dispositifs d’encouragement à la mobilité communautaire. Pour ne prendre que quelques exemples :

«Ton premier emploi EURES » est un programme de mobilité ciblé qui vise à pourvoir des postes vacants dans certains secteurs, professions, pays ou groupes de pays pour soutenir les catégories de travailleurs plus enclins à la mobilité professionnelle, comme les jeunes.
Europass est une initiative de l'Union européenne visant à aider les citoyens à présenter leurs compétences et qualifications de manière claire et logique, et à favoriser la mobilité géographique et professionnelle avec un accompagnement spécifique des élèves et des étudiants.
L’alliance européenne pour l’apprentissage est une plateforme unique qui rassemble des Etats et des acteurs clés tels que des entreprises, ainsi que les partenaires sociaux, les chambres de commerce, l’enseignement et la formation professionnelle (EFP), les régions, les représentants des jeunes et les groupes de réflexion. L'objectif commun est de renforcer la qualité, l'offre et l'image de l'apprentissage en Europe, de même que la mobilité des apprentis.

Parmi les dispositifs les plus emblématiques, on compte bien évidemment le programme Erasmus, devenu Erasmus + en 2014. Le programme vise à donner aux étudiants, aux stagiaires, aux personnels et d'une manière générale aux jeunes de moins de 30 ans avec ou sans diplôme, la possibilité de séjourner à l’étranger pour renforcer leurs compétences et d’accroître leur employabilité. L’Erasmus des apprentis représente peut-être encore plus concrètement une incontestable opportunité en termes d'acclimatation aux séjours à l'étranger et de développement d'un réseau professionnel international, mobilisable lors de la recherche d’emploi.

Erasmus Pro est par ailleurs au centre des recommandations de la Commission européenne qui visent à lever les freins à la mobilité des apprentis en Europe à travers l’harmonisation des législations nationales relatives à l’apprentissage. En France, en réponse aux recommandations de la Commission, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a confié une mission à Jean Arthuis, Député européen, le 20 juillet 2017, sur le renforcement de la mobilité européenne des apprentis et l’identification de l’ensemble des freins à cette mobilité. Le rapport remis le 19 janvier 2018 à la ministre et consultable ici, contient 16 propositions de nature à lever les obstacles au développement de l’Erasmus de l’apprentissage et le projet de Loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » prévoie par exemple: la prise en compte des compétences acquises lors d’une mobilité à l’étranger ou l’encouragement à la mobilité internationale des apprentis.

Comme Jean Monnet disait en 1962, « nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes ». Or la rencontre, l’être ensemble, autrement dit le fait de rendre la mobilité des futures générations de plus en plus accessible, est un enjeu, non seulement de cohésion, mais absolument essentiel pour la poursuite des idéaux et des objectifs de la construction européenne.