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Favoriser la mobilité professionnelle des femmes dans le Jura
Selon l’Enquête 2016 du Laboratoire de la Mobilité inclusive, 86 % des Français estiment que les difficultés d’accès à la mobilité constituent un frein à l’emploi. Les femmes sont majoritairement touchées par cette problématique. Le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Jura s’est saisi de cet enjeu en menant le projet « Aide à la mobilité professionnelle des femmes », un dispositif d’aides financières visant à favoriser leur insertion professionnelle et leur autonomie. Claire Robelin, directrice du CIDFF et juriste de formation, revient sur ce dispositif co-financé par le FSE de 2014 à 2016.
Comment est né ce dispositif ?
Ce projet est né dans les années 2000, dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. Le Conseil régional avait fait appel à notre expertise pour porter ce dispositif. Il nous accorde une subvention que nous reversons ensuite en intégralité aux femmes dans le cadre du dispositif « aide à la mobilité professionnelle des femmes ».
Le CIDFF du Jura informe les femmes sur leurs droits, lutte contre les violences faites aux femmes, propose des services d’hébergement... et un dispositif de soutien à la mobilité. Pourquoi ce choix ?
Les problèmes de mobilité touchent majoritairement les femmes, d’autant plus dans un territoire rural et étendu comme le Jura. Les entreprises et acteurs économiques sont concentrés dans les zones urbaines, ce qui rend les enjeux de déplacement d’autant plus prégnants.
Quel est le profil des femmes bénéficiant de ce dispositif ?
L’aide à la mobilité est en premier lieu sollicitée par des femmes en situation d’accès ou de maintien à une formation (41%) ou à un emploi (39%). Les femmes demandeuses d’emploi qui sollicitent une aide à la mobilité représentent 20 % du public.
Comment fonctionne ce dispositif d’aide à la mobilité ?
Les aides à la mobilité soutiennent en premier lieu les frais de déplacements occasionnés par l’entrée en formation ou l’accès à un emploi (36%). L’obtention du permis de conduire ainsi que les frais de réparation constituent le second objet des aides allouées. Nous recevons les femmes en entretien individuel afin de vérifier la pertinence de leur projet professionnel car notre dispositif est un soutien à la mobilité professionnelle et non à la mobilité personnelle. Notre dispositif vient en complément des aides de droit commun. Nous travaillons avec différents partenaires du département, en priorité les structures sociales, les garages solidaires et auto-écoles sociales.
Quelles sont les modalités de versement des aides ?
L’aide, d’un montant maximum de 500 euros par personne, est versée en une seule fois. Nous l’attribuons majoritairement à un tiers, par exemple directement à un garagiste dans le cadre d’une réparation de véhicule. Pour les aides inférieures à 150 euros, le CIDFF peut décider seul de l’attribution. Par contre, pour les montants supérieurs, une commission de partenaires qui se réunit tous les deux mois est mise en place. Elle rassemble un membre du Conseil Régional Bourgogne Franche-Comté, un responsable de Pôle emploi, un conseiller emploi ou responsable de la Mission Locale Espace Jeune, la Directrice du CIDFF et la conseillère du CIDFF qui instruit les dossiers.
Comment sont-elles orientées vers votre CIDFF ?
Les femmes sont majoritairement orientées par les assistantes sociales du secteur mais aussi par des organismes de formation, par Pôle Emploi, les Missions locales, ou encore par le Conseil régional. Certaines femmes viennent aussi directement à notre rencontre ; nous essayons de communiquer sur notre action (page Facebook, articles dans la presse, permanences…) pour toucher de nouveaux publics chaque année.
L’enjeu de ce dispositif est aussi de toucher des femmes qu’on ne parvient pas à mobiliser autrement. Aborder avec elles leur problème de mobilité peut ainsi nous amener à traiter d’autres problématiques liées à leur vie personnelle et familiale. Il nous arrive également de monter des dossiers de micro crédit pour les aider dans l’achat d’un véhicule personnel par exemple.
Quel bilan tirez-vous de votre action ?
La mobilité est un véritable levier pour l’insertion professionnelle des femmes. Six mois après l’attribution d’une aide, nous effectuons une relance auprès des femmes bénéficiaires, l’objectif étant de voir si l’aide leur a été bénéfique. Sur la période 2014-2016, 371 femmes ont été contactées. Parmi elles, 60 % étaient en situation d’emploi au moment de la relance (dont 61 % en CDD et 39 % en CDI), alors qu’elles étaient 39 % en situation d’emploi au moment de la demande. Notre action va dans le bon sens et le Conseil régional songe désormais à étendre le dispositif à l’ensemble de la Région Bourgogne Franche-Comté en 2019.