Vous êtes ici
On en a parlé au Village FSE (2/4) : l’économie verte et le verdissement des emplois
Près de 1 000 participants au CENTQUATRE-PARIS, les 5 et 6 décembre derniers, pour les journées rencontres du Fonds Social Européen ! Consacré, cette année, aux transitions numérique et écologique, le Village des Initiatives FSE a battu des records de fréquentation. Tout au long du mois de décembre, nous revenons sur cette 4ème édition particulièrement riche en échanges. Après la transition numérique, focus n°2 sur la transition écologique et la façon dont elle remodèle l’économie.
Economie verte, verdissement des métiers : le temps est venu de changer
D’entrée, une évidence s’impose : l’Accord de Paris signé à l’issue de la COP21 engage l’ensemble des acteurs économiques et les citoyens à une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre dans un temps court : c’est la neutralité carbone d’ici 2050 qui est en ligne de mire.
Les changements à venir vont toucher non seulement l’organisation des flux logistiques, l’aménagement des locaux et usines mais également les modèles économiques de toutes les entreprises, de manière plus ou moins intensive : certaines entreprises des secteurs productifs sont impactées au titre de leurs fonctions support, d’autres au titre de leur cœur de métier. L’enjeu se décline donc sur 2 plans :
- le verdissement de métiers dont la finalité n’est pas la contribution à l’économie verte (entreprises de loisir, de la distribution, de la santé, services financiers…)
- le verdissement des métiers dont la finalité est la contribution à l’économie verte (principalement les secteurs de la mobilité, de la construction, de l’alimentation, et l’essentiel du secteur manufacturier)
Comment recruter et comment former les salariés des entreprises puisque, au-delà des mutations à l’échelle des organisations, c’est aussi une mutation systémique qui s’annonce. Les enjeux de formation professionnelle s’en trouvent profondément transformés avec la nécessité de sensibiliser les prescripteurs au verdissement des compétences tout en gérant la temporalité plus longue de la certification.
« Réseaux intelligents, usine du futur, intégration de nouveaux matériaux, éco-mobilité, rénovation des bâtiments… les potentiels d’emploi et d’accompagnement sont gigantesques », rappelle Hervé Fulbert, Directeur sectoriel Industrie, à l’AFPA, à l’occasion de la séquence sur le verdissement des métiers (lundi 5, 14h20 à l’Agora). « Les transitions énergétiques numériques, sociales, sociétales, sont intimement liées ». Un constat : il y a peu de nouveaux métiers mais les compétences évoluent fortement et les salariés des principaux secteurs impactés doivent être accompagnés pour ne pas être laissés de côté.
L’Economie circulaire, un territoire prometteur pour l’emploi
800 000, c’est le potentiel de création d’emplois identifié par une note d’analyse de France Stratégie d’avril 2016. Au niveau européen, la Commission européenne a pris la mesure de ce potentiel dans le cadre d‘un plan d’action « économie circulaire » adopté en décembre 2015. Elle incite fortement les Etats membres à se pencher sur ces stratégies en termes d’avantage compétitif.
La mutation de l’économie linéaire à l’économie circulaire n’est pas qu’une simple question de mode de management. Ce sont les fondamentaux physiques, à l’échelle planétaire, qui imposent ce virage, et ce à double titre : d’une part, nous épuisons des ressources critiques à un rythme effréné (cobalt, cuivre, zinc, mais aussi sable, forêts, sols agricoles, ressources halieutiques…), d’autre part, nous produisons des déchets au-delà de la capacité d’absorption de nos filières aval : les décharges saturent et sont soumises à des contraintes environnementales croissantes, notamment du fait de la contamination des milieux, et représentent aujourd’hui des stocks considérables de matières critiques.
Intervenant lors de la séquence sur « l’économie circulaire, un territoire prometteur pour l’emploi », Joss Blériot, Directeur général de la Fondation Ellen MacArthur, résume cette nouvelle philosophie économique : « L’économie circulaire crée des boucles vertueuses. Le produit est considéré comme une banque de matériaux ; ses différentes parties peuvent être dissociées pour être réutilisées ». Une écologie territoriale est à développer : « il faut que les déchets industriels d’une entreprise A devient la ressource industrielle d’une entreprise B », explique Hervé Fulbert, Directeur sectoriel Industrie, à l’AFPA. « Elle est porteuse d’emplois, d’économie et de développement industrielle ». Parmi les pistes, faut-il aller au-delà du déchet et développer l’économie de fonctionnalité, c’est-à-dire l’économie de service autour d’un bien matériel plutôt que la vente du bien matériel lui-même ?
La transition de l’économie linéaire à l’économie circulaire prend donc une double dimension.
- Territoriale : elle suppose une relocalisation des flux de matières et une plus forte corrélation entre l’activité des entreprises et les bio-ressources de leurs territoires. Ainsi, dans une logique de métabolisme urbain, les villes représentent un stock de matériaux, qui doit être envisagé comme la mine du futur, pour y prélever les matériaux nécessaires à la construction des bâtiments de demain.
- Emplois : ce sont de nouveaux métiers et de nouvelles organisations de filières d’emploi qui émergent. Par exemple, la mutation des métiers de la construction en économie circulaire suppose d’investir sur la déconstruction fine de bâtiments (et non leur démolition brutale), de manière à prélever, trier et valoriser les matériaux en vue de leur ré-emploi. On peut ainsi parler de « Pôles ré-emploi » qui vont émerger dans les territoires. De même, ce sont des fonctions mutualisées qui vont émerger, pour stocker les matériaux, les valoriser et les indexer en vue de leur ré-emploi, au service de la demande locale. C’est aussi l’opportunité de réinvestir des métiers locaux et très spécialisés car, comme le rappelle Julie Benoît, Architecte, Responsable du Pôle Recherche et développement de l’association Bellastock, lors de la séquence consacrée à l’économie circulaire à propos des métiers du bâtiment : « Il faut repenser l’acte de bâtir, trouver des ressources en dehors des ressources primaires (par exemple, le sable) et réemployer les matériaux comme des ressources. L’économie circulaire permet de renforcer les filières existantes mais aussi de repenser des métiers disparus : murailleurs, tailleurs de pierre, etc. ».
Au terme des 2 séquences consacrées à l’emploi et au développement durable, l’économie circulaire apparaît comme un territoire immensément prometteur pour l’emploi : des emplois à niveaux de qualification très diversifiés sont possibles et ne demandent qu’à émerger, depuis la maintenance et la logistique de lots identifiés jusqu’à la planification systémique de l’optimisation des bio-ressources d’un territoire.