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Emploi en milieu rural : où en est-on de l’égalité femmes-hommes ?

16.05.2018 Vu sur le web

Du 12 au 23 mars 2018 a eu lieu au siège des Nations Unies à New York la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme qui portait cette année sur la nécessité de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes en milieu rural. C’était l’occasion pour l’Union européenne de réaffirmer ses priorités en la matière, incarnées notamment dans les recommandations du Parlement Européen au Conseil, et pour les Etats membres, de faire le point sur la question. Quel bilan en France ?

L’égalité entre femmes et hommes, « Grande cause nationale » du quinquennat, est une priorité relayée par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) dans les territoires fragiles, notamment ruraux. Les inégalités femmes hommes peuvent être accentuées dans ces territoires, en particulier en matière d’accès à l’emploi du fait d’un certain nombre de freins directs et périphériques. Pilotée par le CGET en lien avec le Service des droits des femmes et de l’égalité, une « étude relative aux freins et aux leviers pour l’accès des femmes à l’emploi dans les territoires ruraux » a été publiée en janvier 2018. Cette étude a notamment servi à la préparation des orientations portées par le ministère de la Cohésion des territoires pour le comité interministériel à l’égalité du 8 mars 2018. Voici les principaux constats quant aux problématiques d’accès à l’emploi des femmes dans les territoires ruraux en France :

Les femmes plus souvent touchées par le chômage et par des conditions d’emploi précaires 

« C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. », affirmait Simone de Beauvoir dans son célèbre ouvrage paru en 1949, Le Deuxième Sexe. En effet, à travers ce prisme, la question de l’égalité femmes hommes vis-à-vis de l’emploi devient l’un des points essentiels dans la quête d’une véritable émancipation féminine et égalité entre les sexes. Or, même si les disparités sont très importantes entre les différents Etats membres, c'est un fait, le chômage touche encore aujourd’hui plus les femmes que les hommes et les écarts se creusent encore en milieu rural. Qu’en est-il de la France ?

Dans l’Hexagone, tant à l’échelle nationale, que sur les territoires peu denses et isolés, le taux d’emploi des femmes est systématiquement plus faible que celui des hommes quelle que soit la densité des communes. Ainsi, le taux d’emploi des femmes dans les territoires ruraux était de 62 % en 2011 contre 70 % pour les hommes.

En ce qui concerne le taux de chômage, celui des femmes rurales s’élève à 12,5 % et celui des hommes à 10 %. Le paradoxe consiste dans le fait qu’à l’échelle nationale une tendance inverse est observée : le taux de chômage des femmes est toujours inférieur à celui des hommes (respectivement 10,2 % pour les hommes et 9,6 % pour les femmes en 2014).

Par ailleurs, les femmes signent davantage de contrats à temps partiel, ce qui précarise leur situation. En effet, 33,4 % des femmes travaillent à temps partiel contre 7,1 % pour les hommes, alors qu’à l’échelle nationale, en 2015, 30,8 % des femmes travaillaient à temps partiel contre 7,5 % des hommes. L’écart est davantage marqué dans les communes peu denses et isolées.

Les freins identifiés préfigurent des solutions à mettre en œuvre pour augmenter l’accès des femmes à l’emploi dans les territoires ruraux

Les freins à l’emploi des femmes en milieu rural identifiés peuvent être directs (formation, secteurs d’activité, marché de l’emploi) et/ou périphériques (conditions de travail, situation familiale, modes de garde d’enfants, mobilité, etc.) Chacun de ces freins peut bien évidemment, grâce à des politiques publiques spécifiques, être transformé en levier pour favoriser l’accès des femmes rurales à l’emploi.

Des études soulignent que dans les territoires ruraux, les choix d’orientation sont fortement marqués par la proximité de l’offre. Ainsi pour la formation initiale, une étude menée par le CESE relève que l’offre de formation dans les lycées de proximité est déterminante dans le choix d’orientation des élèves. En ce qui concerne la formation professionnelle, l’offre en milieu rural est plus faible qu’en milieu urbain, voire parfois inexistante. Si cette réalité en matière d’offre de formation peut concerner autant les femmes que les hommes habitant en milieu rural, cette même étude donne à voir que les hommes qu’ils soient urbains ou ruraux, affichent des taux similaires, lorsqu’il s’agit de s’imaginer encore dans le domaine des études à 25 ans. En revanche, les écarts entre les filles issues du milieu urbain et celles issues du milieu rural sont très marqués en défaveur de ces dernières. Celles-ci s’envisagent beaucoup plus souvent être en couple et avoir des enfants très tôt. Cette étude souligne comment l’organisation de l’institution scolaire et le processus d’orientation déterminent les ambitions des jeunes filles rurales. « L'hypothèse du poids des stéréotypes et d'une autocensure plus forte pour les jeunes femmes et les femmes rurales dans les processus de formation est ainsi mise en avant ».

La mobilité est un autre élément potentiellement discriminatoire en milieu rural quant à l’accès à l’emploi. On s’aperçoit que les femmes actives dans les territoires ruraux travaillent davantage hors de leur commune de résidence : 51,2 % pour 45,9 % des femmes urbaines et 46,2 % des hommes ruraux. La détention du permis de conduire et d’une voiture devient alors une condition importante de l’insertion professionnelle chez les femmes en milieu rural. Or, on observe qu’à l’échelle nationale, le taux de réussite au permis de conduire est de 10 points inférieur pour les femmes que pour les hommes.

Enfin, la garde d’enfant représente également un frein potentiellement important, accentué en milieu rural au regard du nombre de places d’accueil collectif offertes aux familles qui est moindre dans les territoires peu denses puisque l’on compte 39 places d’accueil pour 100 enfants pour 50 places à l’échelle nationale.

Les constats ne sont donc pas alarmants mais présentent une nette marge d’amélioration à poursuivre. Les acteurs locaux, nationaux, communautaires sont tous concernés. Les fonds européens, qu’il s’agisse du FSE ou bien du FEDER ou FEADER, ont eux aussi un rôle essentiel à jouer en apportant leur soutien à des projets en faveur de l’égalité femmes hommes dans les territoires ruraux. De manière spécifique, transversale ou intégrée, l’égalité professionnelle est par ailleurs abordée et traitée dans les 3 axes du Programme national FSE. Des démarches existantes à l’image des journées des initiatives territoriales pour l’emploi (les Jite), témoignent de l’engagement du FSE et d’autres acteurs sur cette thématique essentielle.

Cette année, la journée nationale des initiatives territoriales pour l’emploi aura lieu le 3 juillet 2018.

Sources :

http://www.cget.gouv.fr/ressources/publications/etude-relative-aux-freins-et-aux-leviers-pour-l-acces-des-femmes-a-l-emploi-dans-les-territoires-ruraux

http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+REPORT+A8-2018-0022+0+DOC+XML+V0//FR#title1

http://www.lecese.fr/travaux-publies/place-des-jeunes-dans-les-territoires-ruraux

http://www.unwomen.org/fr/csw/csw62-2018

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