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Discours sur l’état de l’Union : bâtir une Europe plus unie, plus forte et plus démocratique
Pour la quatrième année consécutive, le Président de la Commission européenne a présenté, le 13 septembre, son discours sur l’Etat de l’Union. Jean-Claude Juncker a ainsi mis en lumière la vision et les priorités de la Commission européenne pour l’année à venir. Cette année encore, les sujets économiques et sociaux comptent parmi les enjeux phares de l’exécutif européen.
« Une Europe qui protège, qui se donne les moyens d’agir et qui défend » : la feuille de route de la Commission européenne est claire et ambitieuse. Dans l’enceinte du Parlement européen, Jean-Claude Juncker a détaillé, le 13 septembre 2017, les avancées obtenues par la Commission l’an dernier mais également les prochaines étapes de son action. Union bancaire, de l’énergie, de la sécurité ou encore du numérique : le programme de l’exécutif pour les seize mois à venir est riche en propositions.
Jean-Claude Juncker a ainsi rappelé que l’Union européenne a dépassé les 2 % de croissance, et la zone euro les 2,2 % ; une performance supérieure à celle des Etats-Unis ces deux dernières années.
8 millions d’emplois ont été créés depuis 2014 et 235 millions d’Européens ont un travail. Cap désormais sur 2018 avec un focus sur les priorités pour l’avenir, afin de permettre à l’Union Européenne « d’être à la hauteur de notre propre projet ».
Le point sur les grands enjeux pour l’année à venir
Au cours de son discours, le Président de la Commission européenne a mis en avant 5 priorités. Celles-ci se concrétiseront dans des propositions faites par l’exécutif européen avant le mois de mai 2018.
- Accroître la transparence des négociations commerciales entre l’UE et les pays tiers (Mexique, Japon, Australie…), en garantissant au Parlement européen le dernier mot sur les accords conclus. La Commission européenne s’engage également à publier l’intégralité des projets de mandats de négociation présentés au Conseil, ainsi qu’à informer les Parlements nationaux et régionaux de l’état de ces négociations.
- Rendre l’industrie européenne plus forte et plus compétitive, en proposant dès à présent une Stratégie de Politique Industrielle aux décideurs européens afin que l’industrie reste ou devienne le numéro un mondial en matière d’innovation, de numérisation et de décarbonisation.
- Être à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. A cette fin, Jean-Claude Juncker a annoncé que la Commission proposerait bientôt un nouveau plan de réduction des émissions de CO2 dans le secteur des transports.
- Créer une Agence européenne de Cybersécurité, afin de mieux protéger les citoyens européens à l’ère du numérique. Trois aspects seront particulièrement importants : la protection des données personnelles, la lutte contre la radicalisation en ligne et la protection de la propriété intellectuelle sur Internet.
- Endosser la responsabilité collective de l’Europe au sujet des migrations. Pour accroître l’action européenne sur ce thème, la Commission proposera de nouvelles initiatives tournées vers la politique des retours, la coopération avec le continent africain et les voies de migration légales. L’UE s’impliquera également aux côtés de l’ONU dans l’amélioration des conditions de vie des réfugiés, notamment en Libye.
Le Président Juncker a également mentionné, lors de son discours, le projet de création d’une Unité d’Intelligence européenne, destinée à mieux faire coopérer les services de police et de renseignement des Etats-membres.
Fixer un cap pour l’avenir
Le Président Juncker est revenu sur le Livre blanc sur l’avenir de l’Europe, publié en mars 2017 et qui décline cinq scénarii dessinant le visage que pourrait prendre l’Union européenne d’ici à 2025. Il a présenté un « sixième scénario », son scénario personnel, fruit de dizaines d’expériences personnelles et construit autour de trois principes fondamentaux : la liberté, l’égalité et l’état de droit.
Au sujet de l’égalité de droit, le Président de la Commission européenne a notamment rappelé qu’il ne peut y avoir dans l’UE de « travailleurs de deuxième classe » : dans une référence directe au détachement, il a évoqué la création d’une Autorité européenne du travail, dont les missions seraient l’inspection et l’application des règles de façon juste en matière de mobilité des travailleurs dans le marché unique.
Faire de l’euro la monnaie unique de toute l’Union européenne
Au niveau financier, « tous les Etats membres, sauf deux, ont le droit et l’obligation d’adopter l’euro dès qu’ils rempliront toutes les conditions » a déclaré Jean-Claude Junker. Afin d’accélérer l’accès à la monnaie unique par les Etats membres qui veulent intégrer la zone euro, il propose la création d’un instrument d’adhésion à l’euro, offrant une assistance de pré-adhésion technique et parfois financière.
Mettre fin au dumping social en Europe
Le discours sur l’état de l’Union a été l’occasion de rappeler l’attachement de la Commission européenne au socle européen des droits sociaux sur lequel les Etats membres sont invités à se mettre d’accord le plus rapidement possible et « au plus tard lors du sommet de Göteborg de novembre ». Pour le Président Junker, la Commission et les Etats membres doivent « au minimum travailler à une union européenne des normes sociales, pour déterminer ensemble ce qui est juste et injuste dans notre marché intérieur ».
Gagner en force sur le plan économique et monétaire
Voilà la dernière annonce de Jean-Claude Juncker : pour promouvoir une union économique et monétaire plus forte, la Commission propose deux évolutions majeures : d’une part, la transformation du Mécanisme européen de stabilité en un Fonds monétaire européen, fermement ancré dans l’Union européenne ; d’autre part, la création du poste de Ministre européen de l’Economie et des Finances, dont le rôle sera d’accompagner les réformes structurelles dans les Etats membres. Ce ministre, directement responsable de ses actes devant le Parlement européen, devrait coordonner l’ensemble des instruments financiers de l’UE lorsqu’un Etat membre entre en récession ou est frappé par une crise menaçant son économie.
Enraciner les processus démocratiques dans l’UE
La priorité finale de la Commission européenne ? La démocratisation du fonctionnement institutionnel européen. Pour ce faire, Jean-Claude Juncker projette de fixer de nouvelles règles à l’échelon européen sur le financement des partis politiques, et d’associer davantage les parlements des Etats-membres et la société civile au grand débat sur l’Europe de demain, dans le cadre notamment des conventions démocratiques soutenues par le Président de la République française. Il exprime également son intérêt pour la création de listes transnationales pour l’élection du Parlement européen. En parallèle, la Commission s’engage à se concentrer sur les grands projets européens : elle poursuivra le travail démarré en 2014, puisque la législature actuelle a divisé par 4 le nombre de projets proposés au Conseil et au Parlement européen par rapport aux législatures précédentes.
Enfin, Jean-Claude Juncker fait un pas de plus en termes d’efficacité démocratique, en proposant officiellement de fusionner les présidences du Conseil européen et de la Commission européenne, aujourd’hui occupés respectivement par Donald Tusk et par lui-même. L’objectif de cette fusion : créer un poste de Président européen plus visible et offrir une meilleure compréhension du leadership européen aux citoyens de l’Union.
En revanche, il se montre réservé quant à la création d’un Parlement spécifique de la zone euro.
Pour retrouver le discours dans son intégralité et en savoir plus sur les futures initiatives de la Commission européenne, consultez le site officiel de l’Etat de l’Union 2017.