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Numérique : bouleversements et opportunités à tous les niveaux

Analyse

Le numérique n’est plus un sujet de prospective. Il n’est plus une promesse à attendre. Il n’est pas une mode qui passera. Le numérique est une réalité impactante que nul ne peut ignorer. Porteur de nouveautés, il bouleverse l’organisation du travail et les métiers traditionnels, il bouleverse aussi l’accès à la formation et la façon d’accompagner vers l’emploi. Tous les secteurs, tous les métiers, tous les niveaux hiérarchiques sont concernés, des cadres hautement qualifiés aux premiers niveaux de qualification.

Ce qu'apporte le numérique

Parce qu’il recouvre de multiples réalités, le numérique peut encore susciter de vives inquiétudes quant à ce qu’il engendre. Destruction d’emplois, déshumanisation, robotisation etc. Pourtant, les gains de productivité qu’il permet s’avèrent souvent créateurs d’emplois. Les pays les plus robotisés, tels que les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne, sont aussi ceux qui présentent les plus faibles taux de chômage. Si le lien reste difficile à établir entre robotisation par le numérique et destruction d’emplois, un constat semble néanmoins partagé : le numérique représente une opportunité de changer, en mieux. Caroline Mini, de la Fabrique de l’Industrie, explique ainsi comment le numérique permet de rester compétitif, en développant des produits plus innovants, qui répondent aux besoins sur mesure des clients – des semelles adaptées aux pieds, par exemple. 

Dans les métiers où la relation personnelle est très prégnante, tels les services à la personne, le numérique a ouvert des opportunités. Audrey Perrocheau de Pôle emploi, explique ainsi : « Grâce au numérique, la relation de service ne s’interrompt pas lorsque le présentiel s’arrête. Elle permet un continuum grâce aux outils de supervision à distance par exemple. » Un constat partagé par Guy Loudiere, Fédération des services à la personne et de proximité (FEDESAP) : « Dans le domaine des services à la personne, des start-up apparaissent, avec une nouvelle organisation du travail, davantage en binôme, de façon plus communautaire. Les nouveaux outils numériques permettent de mettre fin à l’isolement qui est le talon d’Achille des métiers des services à la personne. » Des innovations utiles aux collaborateurs mais aussi aux bénéficiaires précise Guy, Loudiere : « Les objets connectés, tel le crayon connecté, permettent de maintenir le lien avec les familles en transmettant les informations sur l’état de santé des personnes, du carnet jusqu’à l’adresse IP. Finalement, le numérique est utile à tous. » Dans l’industrie aussi, le numérique permet de s’affranchir de certaines tâches pénibles, répétitives, voire dangereuses. « Il rend ainsi les personnes disponibles pour des tâches plus qualifiées. » explique Caroline Mini. On parle ici de « Cobot », des « collaborativ robot » qui soutiennent les employés et, in fine, favorisent bien souvent une hausse de leurs qualifications. 

Les défis au-delà de l'outil

Plus qu’un outil technologique, le numérique est une transformation qui soulève des enjeux et défis restant plus que jamais à relever. Meilleures planification et communication certes, mais aussi intensification du travail voire exclusion… Le numérique génère une ambivalence des effets. Pour Guy Loudiere, si les fortes inquiétudes doivent être entendues, il convient de relativiser : « L’adaptation des personnes au numérique, même sans diplôme, est très rapide. Le numérique n’exclut pas, il valorise. Il rajeunit même l’âge moyen dans les services à la personne. » Au centre du débat s’impose en conséquence un sujet clé : l’accompagnement.

“ L’adaptation des personnes au numérique, même sans diplôme, est très rapide. Le numérique n’exclut pas, il valorise. Il rajeunit même l’âge moyen dans les services à la personne.” Guy LoudiereFédération des services à la personne et de proximité (FEDESAP)

Qu’entend-on vraiment par « se former au numérique » ? De nouveaux gestes apparaissent : « Le secteur de la valorisation des déchets regroupe beaucoup de reconversions professionnelles et propose des métiers très peu qualifiés. L’impact du numérique y est fort. Il faut accompagner la technologisation des métiers, la sophistication du matériel et par là-même, l’augmentation des compétences des salariés. » explique Marième de France Stratégie. Dans le secteur de l’industrie, au-delà des gestes, l’intégration de robots nécessite de repenser les process et les ressources associées. En la matière, les entreprises doivent être accompagnées explique Caroline : « Le numérique valorise deux types de compétences : celles, techniques, très pointues, et celles, transversales qui relèvent plus des « soft skills ». Capacité à alerter, transmettre des consignes, maîtrise de l’écrit pour programmer, planifier, maîtrise de l’anglais dans des environnements multi-culturels, savoir-être, polyvalence, capacité d’adaptation et d’apprentissage permanent. »

L'indispensable accompagnement

Bien au-delà de la technologie, le numérique s’impose comme un sujet sociologique et organisationnel de fond. En percutant l’organisation du travail, il opère une transformation des deux côtés de la chaîne de l’emploi, engageant ainsi interrogations et bouleversements chez les accompagnateurs du monde de la formation et de l’emploi. Pour ces acteurs de l’insertion, il pose une question : comment accompagner ? Et, par ricochet : comment accompagner les accompagnateurs ? 

Le Fonds Social Européen vous accompagne

 

Le FSE accompagne les personnes dans l'acquisition de nouvelles compétences pour s'adapter aux transitions, telle que celle du numérique.

L’apprentissage du numérique, ou des métiers du numérique, demande un accompagnement spécifique. Il nécessite de travailler sur des méta-compétences (l’autonomie, la capacité à apprendre), de mettre les apprenants en position ponctuelle de formateurs, de former des équipes mixtes en termes de compétences et, enfin de renforcer l’encadrement humain par rapport à une école / une entreprise « classique ». Avec le site d’e-commerce solidaire, « Label Emmaüs », que dirige Maud Sarda, un exemple concret permet de démontrer que les initiatives issues du champ de l’économie sociale et solidaire constituent des alternatives crédibles à des plateformes classiques : « Le numérique demande beaucoup d’autonomie et de polyvalence : ça peut être à la fois une difficulté et un challenge pour des personnes éloignées de l’emploi. Mais beaucoup d’entre elles apprécient la marge de créativité qui leur est laissée. Nous avons des résultats impressionnants en termes de satisfaction client (9/10 clients recommandent). Notre objectif aujourd’hui est de concurrencer des sites d’e-commerce classiques, en proposant des modalités de fonctionnement différentes ». Désormais, la maîtrise du numérique conditionne l’accès à l’emploi. Le défi est d’accompagner les bénéficiaires et pour cela, de faire monter en compétences les services publics.

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Le retour du Village des initiatives FSE qui a eu lieu les 18 et 19 mars derniers

Et maintenant, le temps du dialogue s’ouvre pour construire le FSE de demain : la DGEFP, en tant qu’autorité de gestion, lance une concertation nationale sur la programmation 2021-2027 du Programme opérationnel national.

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