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IEJ : une étude pour évaluer les premiers résultats

Analyse

Les difficultés grandissantes des jeunes européens pour accéder à un emploi a conduit l’Union européenne à proposer une initiative visible et lisible pour favoriser l’insertion dans l’emploi des jeunes dans le 28 Etats membres.

Avec la Recommandation du Conseil d’avril 2013, l’Union européenne s’est dotée d’une véritable garantie européenne pour la jeunesse en demandant aux Etats membres de veiller à ce que tous les jeunes de moins de 25 ans se voient proposer une solution de qualité dans les 4 mois suivant la perte de leur emploi ou leur sortie de l’enseignement formel.

L’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ) vient s’inscrire dans cette démarche de garantie en ciblant tous les jeunes âgés de moins de 26 ans sans emploi et ne suivant ni études ni formation (les NEET) dans les régions ou départements français éligibles. Sa mobilisation, en appui des initiatives nationales et locales, se veut rapide et conséquente.

Dans le cadre de la mobilisation des acteurs nationaux et régionaux autour de l’IEJ, une étude pour évaluer l’impact des premiers résultats de cette initiative a été confié à Capgémini – Asdo en septembre 2015. Dans le cadre de cette étude, 140 acteurs nationaux, régionaux et locaux ont été rencontrés et 70 personnes ont été associées au travail de finalisation de l’étude. Retour sur les principaux constats observés par les évaluateurs.

Une logique de concentration des financements dans le temps et sur des grands dispositifs d’accompagnement et de formation

Quel effet « volume » peut-on attendre de l’IEJ ?

Environ 900 000 jeunes de 15 à 24 ans peuvent être considérés comme étant dans une situation de « NEET » en 2012 en France, dont près de 435 000 sur les 16 territoires éligibles à l’IEJ. Parmi eux se trouvent à la fois des jeunes qui ont temporairement un statut de NEET (les jeunes diplômés par exemple, qui sont dans l’attente de leur premier emploi), et d’autres jeunes, plus vulnérables, qui sont NEET depuis plus longtemps (par exemple les jeunes décrocheurs, qui peinent à s’insérer sur le marché du travail).

Le PO national IEJ s’est fixé une cible de 300 000 jeunes NEET à atteindre via les actions financées par l’IEJ. Parmi eux, 100 000 sont visés par les dispositifs nationaux financés par le volet central (Garantie Jeunes, AIJ Pôle Emploi, accompagnement APEC, formation des Emplois d’Avenir). A la fin de l’année 2015, plus de 51 000 participants sont recensés sur ces actions, soit plus de la moitié de la cible initiale. Ces chiffres sont encourageants, compte tenu du rythme de montée en charge des dispositifs.

Sur le volet déconcentré, la montée en charge des dispositifs financés est plus progressive. Un temps de cadrage entre Direccte et opérateurs a souvent été nécessaire pour réaliser des ajustements sur les projets, ou encore examiner les règles de cumul des dispositifs entre eux. Pour une partie des actions, un risque de sous-réalisation, lié à la concurrence entre opérateurs, peut par ailleurs être observé.

Les PO régionaux ont pour leur part fixé une cible, en termes de nombre de jeunes à atteindre à horizon 2018, qui s’élève à environ 65 000 jeunes NEET pour les 12 territoires concernés par un PO régional. A fin 2015, les données sur le nombre de participants aux opérations ne sont pas disponibles.

Au total, ce sont donc plus de 365 000 jeunes NEET qui sont visés par les dispositifs financés par l’IEJ en France. Rappelons qu’il serait inexact de rapprocher cette cible de 365 000 jeunes NEET visés au chiffre de 435 000 jeunes NEET de 15 à 24 ans recensés sur les 16 territoires concernés par l’IEJ en 2012 puisque comme il est rappelé plus haut, le stock de NEET se renouvelle constamment.

Quels effets de l’IEJ sur la diversification des actions et la novation ?

L’IEJ devait permettre d’agir vite et auprès de nombreux NEET mais elle a également un rôle d’impulsion de nouveaux projets et de nouvelles modalités d’accompagnement des jeunes NEET. Dans les faits, le financement – dans le cadre de l’IEJ – de nouveaux opérateurs et d’actions nouvelles reste marginal.

Sur le volet central du PO national IEJ, les dispositifs financés étaient préexistants ou pressentis. La Garantie Jeunes est expérimentée depuis 2013, les Emplois d’Avenir ont été créés en 2012, et l’accompagnement renforcé de Pôle Emploi et de l’APEC s’inscrivent dans le prolongement d’expérimentations antérieures et de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) jeunes. L’apport de fonds supplémentaires permet avant tout d’accélérer le déploiement de ces dispositifs « phare » et de conforter le rôle clé des grands opérateurs nationaux.

Sur le volet déconcentré, les appels à projets ont permis, à la marge, de faire émerger de nouveaux projets et de nouveaux opérateurs. Selon les territoires, les logiques de programmation des Direccte ont toutefois pu se décliner différemment. Dans un premier temps, l’enveloppe IEJ-FSE a avant tout été programmée dans un impératif de sécurisation : il s’agissait d’agir vite, en mobilisant rapidement des opérateurs. Dans un second temps, les Direccte ont plus ou moins ouvert leur offre à de nouveaux opérateurs et projets.

Dans l’ensemble, sur ce volet « repérage », si les Missions de Lutte contre le Décrochage Scolaire, via les GIP académiques, ont souvent été mobilisées, cela est moins vrai pour les acteurs de la « sphère sociale » (CCAS, Départements, associations de proximité).

Pour les PO régionaux, l’enveloppe IEJ-FSE a principalement été programmée sur des dispositifs préexistants (Programmes Régionaux de Formation ou autres dispositifs d’accès à la qualification). Le recours aux appels à projets a été plus limité, et a le plus souvent eu lieu dans un second temps pour « compléter » la programmation. Ces appels à projets ont principalement permis de financer des actions portant sur l’apprentissage et l’entrepreneuriat des jeunes, compte tenu des lignes de partage définies avec l’Etat.

Quels effets de l’IEJ sur l’accompagnement des jeunes NEET ?

Tel qu’évoqué précédemment, la majeure partie de l’enveloppe IEJ-FSE française a été consacrée à des actions d’accompagnement renforcé (70 % des financements du PO national IEJ). Cette volonté de renforcer qualitativement les actions dédiées aux jeunes NEET a été facilitée par la logique de financement d’« ETP dédiés ». Les opérateurs financés dans le cadre de l’IEJ ont ainsi affecté des conseillers / accompagnateurs dédiés aux actions. Cette organisation favorise bien l’intensification de la relation conseiller - jeune, le renforcement de la dynamique « ateliers collectifs / entretiens individuels » et la démultiplication des mises en situation professionnelles. Elle constitue un intérêt pour le jeune, mais également aux opérateurs de se donner « les moyens » d’un accompagnement intensif et sur-mesure.

Dans certains cas, les opérateurs ont pu se saisir de l’apport de fonds supplémentaires pour renouveler leurs modalités et pratiques d’accompagnement (enrichissement thématique des ateliers, démultiplication des mises en situation professionnelle, prise en charge des freins à l’insertion, etc.).

Si la plus-value de ces actions dans les parcours des jeunes devra faire l’objet d’une évaluation contrefactuelle en 2018, cette logique de fléchage de l’IEJ sur des actions d’accompagnement renforcé est bien cohérente compte tenu de l’ambition d’agir vite. A court terme, les travaux de recherche montrent en effet une plus-value de ce type d’approche sur les parcours des jeunes et leurs sorties vers l’emploi.

Quels effets de l’IEJ sur la mise en place de « parcours » ?

La notion de « parcours » est moins explicite dans les ambitions de l’IEJ. Le PO national IEJ, en s’appuyant sur le plan français de réponse à la Garantie Européenne pour la Jeunesse, distingue ainsi 3 étapes de parcours : le repérage, l’accompagnement, et la formation. Cependant, la mobilisation isolée de l’IEJ sur l’une ou plusieurs de ces 3 étapes ne peut être suffisante pour assurer l’inscription des jeunes NEET dans des parcours d’insertion. C’est bien l’articulation de ces 3 temps entre eux, via le maillage et la bonne coordination des acteurs, à un échelon territorial et individuel, qui permet de le garantir. Dans les faits, les autorités de gestion, dans l’orientation des appels à projets, dans le choix des opérateurs, et dans les modalités d’animation territoriale, ont été plus ou moins attentives à cette logique de parcours. Quelques Direccte ont ainsi introduit cette notion de parcours dans les appels à projets et ont mobilisé des opérateurs dont les interventions se voulaient complémentaires. Compte tenu du calendrier resserré de mise en oeuvre, la régulation de l’offre au plan territorial a cependant eu peu de temps pour se mettre en place et l’articulation des opérations entre elles repose avant tout sur les opérateurs.

Il est intéressant d’observer que l’IEJ a toutefois permis de financer des dispositifs de « parcours intégré ». Dans ce cas, le dispositif comprend en lui-même plusieurs étapes (de la remobilisation à l’accès à la formation par exemple), qui forment un parcours en soi. Pour le PO national IEJ, la Garantie Jeunes et le Service Militaire Adapté s’inscrivent pleinement dans cette logique (accompagnement sur un temps long, avec plusieurs modules couvrant à la fois les difficultés d’insertion sociale et professionnelle…). Pour les PO régionaux également, plusieurs actions répondent à ces ambitions. C’est le cas par exemple du Contrat d’Accès à la Qualification en Haute-Normandie, du dispositif Action Pluriactivité Poly-compétence Immersion en Martinique, ou encore du nouveau dispositif d’accès à la qualification (comprenant lui-même plusieurs actions, allant de l’élaboration du projet à l’acquisition des gestes professionnels) dans le Languedoc-Roussillon.

L’IEJ permet avant tout d’accompagner « mieux » et « plus » des jeunes NEET déjà connus et de renforcer les partenariats existants

Les données disponibles sur les jeunes atteints grâce à l’IEJ ne concernent que les actions financées par le PO national IEJ (données saisies dans le logiciel de suivi « Ma démarche FSE » - environ 90 000 participants recensés fin 2015). Les jeunes bénéficiaires d’une action financée par l’IEJ sont faiblement qualifiés (47,8 % de jeunes avec un niveau de diplôme CITE de 0 à 2). Les éléments observés ne se démarquent cependant pas notablement de ceux observés habituellement sur des publics jeunes des dispositifs s’adressant à un public proche (par exemple sur les dispositifs mis en place par les missions locales).

  • 54,2 % sont des hommes et 45,8 % sont des femmes
  • 81,6 % ont des niveaux de diplôme dans la Classification internationale type de l'éducation (CITE) de 0 à 4 (au plus Bac) et 48,7% ont des niveaux de diplôme CITE de 0 à 2 (au plus Niveau V : CAP/BEP)
  • 26,1 % vivent dans un ménage où personne n’est en emploi
  • 2,1 % bénéficient d'une reconnaissance officielle d'un handicap
  • 7,0 % sont allocataires des minimas sociaux (RSA, ASS, AAH...)
  • 3,3 % sont sans domicile fixe ou confrontés à une exclusion du logement

D’un point de vue plus qualitatif, en mettant à disposition davantage de moyens au profit d’un accompagnement intensif et individualisé, l’IEJ permet de financer des actions qui visent à accompagner « mieux » et « plus » de nombreux jeunes. Tel qu’évoqué précédemment, certains acteurs ont également fait des efforts importants pour aller chercher des publics non atteints habituellement. Ces initiatives restent cependant relativement marginales et touchent un petit nombre de jeunes.

S’agissant des premières sorties, les données disponibles sur « Ma démarche FSE » montrent qu’à l’issue des actions soutenues par l’IEJ, les taux de sortie positive (emploi, formation ou études) sont supérieurs aux objectifs fixés dans le PO national IEJ. 52 % des jeunes sortis d’une action financée par l’IEJ au 31 décembre 2015 ont ainsi accédé à l’emploi, à une formation ou repris des études. Ces premiers résultats sont à interpréter avec précaution : ils ne constituent que des résultats partiels à ce stade (les actions sont en cours, certaines n’ont démarré qu’au second semestre 2015, voire en 2016). L’évaluation de 2018 viendra éclairer plus précisément l’impact de l’IEJ sur les parcours des jeunes NEET.

Tous les résultats détaillés et les rapports région par région :

Note méthodologique pour l’évaluation contrefactuelle de l’initiative pour l’emploi des jeunes en 2018
Synthèse de l’évaluation d’impact 2015 sur l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes
Rapport complet (programme national IEJ et programmes régionaux)
Rapport sur le programme national IEJ
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Aquitaine
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Auvergne
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Haute-Normandie
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Champagne-Ardenne
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Île-de-France
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Guadeloupe
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Languedoc-Roussillon
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Martinique
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Midi-Pyrénées
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Nord-Pas-de-Calais
Synthèse du rapport sur la mise en œuvre de l’IEJ en Picardie
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