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La danse, tremplin vers l’emploi
« Créatives » est un projet artistique porté depuis 15 ans par l’association bretonne Danse à tous les étages. Le principe ? Aider des femmes à retrouver le chemin de l’emploi. Une démarche originale d’insertion professionnelle soutenue par le FSE.
En juin dernier, une salve d’applaudissements résonne dans la Cité de la danse de Rennes.
Sur scène, douze femmes achèvent un spectacle mêlant danse contemporaine et dessin devant 200 personnes. Une œuvre qu’elles ont elles-mêmes créée avec le chorégraphe Laurent Cebe et la plasticienne Marie-Pierre Duquoc. « Beaucoup n’étaient jamais montées sur scène ou n’avaient pris de cours de danse », précise le chorégraphe.
Ces apprenties danseuses forment pourtant la promo 2018 de « Créatives ». Un projet artistique d’insertion professionnelle pour des femmes sans emploi lancé en 2003 par l’association Danse à tous les étages. « Créatives réunit des femmes éloignées de l’emploi, certaines rencontrant aussi des difficultés sociales et familiales. Elles sont adressées par Pôle emploi ou par les travailleurs sociaux », détaille Annie Bégot, fondatrice et directrice de Danse à tous les étages. Pendant trois mois, elles participent à des ateliers hebdomadaires et apprennent des techniques de danse, composent leur propre chorégraphie. « Je fais appel à leur vécu pour les amener à s’exprimer et créer une œuvre qui leur ressemble. Au début, c’est forcément compliqué, mais elles relèvent toutes le défi », poursuit Laurent Cebe. Chaque année, des spectacles sont montés à Rennes, mais aussi à Brest, Morlaix et Saint-Malo. Quimperlé et Dinan devraient bientôt suivre.
Le FSE soutient Créatives depuis son lancement. L’institution européenne a ainsi accordé, cette année, une subvention d’environ 60 000€ à l’association.
Transfert de compétences
Mais quel lien unit la danse et l’insertion professionnelle ? « Au début, il a fallu convaincre les financeurs, les partenaires et mêmes les participantes », reconnaît Annie Bégot.
Pour cette ancienne danseuse et professeure de danse, Créatives constitue un tremplin inédit mais efficace vers l’inclusion professionnelle, sociale et culturelle. « Le projet artistique amène les participantes à être force de proposition, à prendre des initiatives. Elles affrontent le regard des autres, gèrent leur stress. Elles s’investissent dans un projet à long terme, s’intègrent à une équipe, suivent des directives. » Les contraintes liées à leur présence aux ateliers leur redonnent le rythme de la vie active. Elles doivent, par exemple, s’organiser pour la garde des enfants ou se déplacer en transport, comme elles le feraient pour aller travailler. « Autant de compétences qu’elles utilisent ensuite pour leur projet professionnel », souligne Annie Bégot. Des structures d’insertion professionnelle accompagnent, en parallèle, les participantes dans l’élaboration de leur projet professionnel (ateliers CV, bilans de compétences, besoins de formation, aides et dispositifs d’accès à l’emploi).
Une confiance retrouvée
Cette approche originale de l’insertion professionnelle porte ses fruits. Près de 75 % des personnes engagées dans Créatives trouvent un emploi ou une formation. Certaines montent leur propre entreprise ou se décident à passer le permis pour être plus mobile. D’autres s’attaquent à leur problème de logement ou de santé, qui sont autant de freins à un retour à l’emploi. « Elles reprennent confiance en elle », résume Annie Bégot. Fin 2010, une étude menée par la sociologue Véronique Vasseur comparait les situations des participantes avant et après Créatives. « Ces femmes ont réussi à prouver aux autres et à elles-mêmes qu'elles étaient capables de construire quelque chose. Elles retrouvent de l'énergie et se reconstruisent suffisamment pour affronter la recherche d'emploi », analyse la sociologue. Créatives mérite bien une salve d’applaudissements.
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