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L’IEJ : un instrument financier au service des politiques publiques pour l’insertion des NEET

Présentation

En quatre années de mise en place, l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ) s’est axée sur le repérage et l’aide à l’insertion professionnelle et sociale des NEET.

En France, plus de 500 000 jeunes ont été accompagnés dans le cadre d’un cofinancement IEJ, dont les 2/3 sont gérés par l’État. La moitié des NEET accompagnés ont trouvé un emploi ou une formation (études, apprentissage…). L’IEJ a ainsi permis de raccrocher des jeunes, éloignés des dispositifs de droits communs, qui avaient épuisés ces leviers.

C’est ce que relève l’évaluation menée par la Délégation à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), conduite en partenariat avec les Conseils régionaux concernés et Régions de France. Cette enquête a étudié six projets, financés par les autorités de gestion régionales et nationales. Focus.

En 2014, au sein de l’Union européenne, le taux de chômage des jeunes s’élevait à 22,5 %, avec de fortes disparités selon les pays. La France était particulièrement impactée avec un taux de chômage de 24 % pour cette population et 1,3 million de NEET recensés, aux situations très contrastées. En effet, le concept de  NEET recouvre des situations diverses, allant des diplômés temporairement éloignés du marché de l’emploi à des jeunes ayant quitté précocement le système éducatif.

Face à cette situation, l’Union européenne a mis en place la garantie européenne pour la jeunesse, qui vise à proposer à chaque jeune une solution professionnelle de qualité (emploi, formation, stage, alternance) dans les quatre mois suivant la fin de sa scolarité ou la perte de son emploi. L’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ) est l’une des principales ressources financières pour mettre en œuvre cette garantie européenne pour la jeunesse.

D’abord sur les 16 puis, à partir de 2018, les 22 territoires français qui ont bénéficiés de l’IEJ, près de 1 400 projets ont été cofinancés entre 2014 et 2017. L’IEJ, étant un instrument financier, il est au service de politiques conçues et mises en œuvre par les autorités de gestion (État et régions). L’enquête s’est notamment concentrée sur les dispositifs cofinancés et leur pluralité. Elle fait apparaître que les actions financées par l’IEJ ont permis d’intensifier l’accompagnement et, pour une part significative des porteurs de projet, de travailler avec un public plus éloigné de l’emploi, différent de son public habituel.

Plus de 500 000

jeunes accompagnés

2/3

sur le programme national porté par l’État

50 %

des jeunes accompagnés ont retrouvé un emploi ou une formation

Des projets cofinancés IEJ par l’autorité de gestion nationale

L’« Accompagnement renforcé » de l’APEC : développer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés

L’accompagnement renforcé de l’APEC cible les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur qui font face à des freins à l’embauche : problème de méthodologie de recherche à l’emploi, manque de confiance en soi ou encore projet professionnel mal défini.

L’objectif du projet est de permettre aux jeunes d’acquérir une vraie méthodologie dans leur recherche et d’être plus au fait de la réalité du marché du travail pour favoriser une insertion professionnelle rapide et durable. Cet accompagnement approfondi est co-défini avec le jeune, tant au niveau de son intensité que de sa durée, couplant entretiens individuels et ateliers collectifs. Il s’agit de permettre au jeune de formaliser un projet professionnel, valoriser ses atouts tout en identifiant les opportunités du marché.

Qu'est-ce que l'Apec ?

 Le rôle de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) est de faciliter le rapprochement entre l'offre et la demande de compétences. Dans cette logique, elle s'adresse à l'ensemble des entreprises du secteur privé, aux cadres, en activité ou en recherche d'emploi, ainsi qu'aux jeunes diplômés de l'enseignement supérieur (à partir de bac + 4).

Le financement IEJ a permis à ce dispositif d’accompagner près de 6 700 jeunes. Grâce à l’identification rapide des problèmes rencontrés et celle de l’efficacité de l’accompagnement proposé, la grande majorité des jeunes pris en charge ont trouvé un emploi moins d’un an après l’obtention de leur diplôme, ce qui réduit le risque d’effet cicatrice, tout en restaurant leur confiance en eux.

Le « Parcours autonomie » des Missions locales en Champagne-Ardenne et en Nord-Pas-de-Calais 

Cette initiative, portée par les Missions locales, visait à proposer aux NEET peu qualifiés un parcours renforcé d’environ quatre mois, mettant l’accent sur la mise en situation professionnelle selon la logique du « workfirst » (multiplication d’expériences professionnelles).

La philosophie principe du dispositif était de faire mieux et différemment en matière d’accompagnement des NEET à travers deux leviers :

  • Utiliser le financement IEJ pour embaucher des conseillers afin de permettre l’intensification de la relation conseiller-jeune (dorénavant, entre 40 et 60 jeunes par conseiller, contre 180 en moyenne) : deux conseillés, à l’initiative de Mission locale, sont ainsi venus renforcer les moyens humains.
  • Renforcer ou ajouter des actions à la boîte à outils des Missions locales via différents leviers : amélioration de la prise en charge et levée des freins à l’insertion, démultiplication des mises en situation professionnelles ou encore renforcement de la dynamique « ateliers collectifs / entretiens individuels ».

À fin 2017, 50 000 jeunes ont bénéficié de ce dispositif, dont près de la moitié dans les deux régions enquêtées (en Nord-Pas-de-Calais et Champagne-Ardenne). Sur cette région, 42 % des jeunes champenois ont retrouvé une activité (emploi, formation ou études) suite à leur accompagnement. Dans le Nord-Pas-de-Calais, 40 % des jeunes accompagnés ont (re)trouvé un emploi.

La « Garantie Jeunes » : un accompagnement intensif vers l'emploi complété d'une garantie de revenus

L’objectif de ce dispositif est d’amener les jeunes en grande précarité vers l’autonomie par la co-construction d’un parcours personnalisé, formalisé par un engagement contractuel rémunéré.

Ce parcours repose, avant tout, sur la démarche volontariste du jeune puis, sur la multiplicité d’expériences professionnelles (stages, emplois aidés, formations, immersions ou encore parrainages) ainsi que sur un accompagnement personnalisé, qui comprend un suivi social afin de régler les problématiques de logement, de santé ou de mobilité rencontrées. Le jeune reçoit également une aide financière de 480 € mensuels pour faciliter ses démarches d’accès à l’emploi. L’aide est dégressive au fur et à mesure qu'il perçoit des revenus de ses activités.

L’expérimentation a été lancée en octobre 2013 sur 10 territoires et, suite à la loi d'août 2016, le dispositif a été généralisé de façon nationale dès janvier 2017.

L’évaluation a démontré que le dispositif a un effet sur l’accès à l’emploi et sur la durée de temps de travail jusqu’à un an après l’accompagnement des jeunes. Le dispositif impacte principalement l’effort de recherche des jeunes qui se traduisent dans les démarches de recherche d’un emploi et un travail sur les freins à l’embauche.

Des projets cofinancés IEJ par les autorités de gestion régionales

« Cap Avenir » et « Cap Métiers » : un parcours intégré et personnalisé

Les deux dispositifs « Cap Avenir » et « Cap Métiers » sont issus de la généralisation, grâce au financement IEJ, d’une expérimentation conduite fin 2012 en Languedoc-Roussillon. Ce sont deux dispositifs (parfois enchaînés) vers la qualification et l’emploi qui reposent notamment sur :

  • l’accompagnement renforcé et individualisé avec un référent pédagogique unique.
  • la collaboration des acteurs régionaux (Missions locales, comités locaux de suivi et organismes de formation). Une place importante est également donnée aux entreprises.

Les participants peuvent donc enchaîner dans le parcours différentes actions : conseil & orientation, découverte professionnelle, mise à niveau, acquisition de premiers gestes professionnels…  

Le cofinancement IEJ a permis à 7 000 participants d’être accompagnés entre janvier 2015 et fin 2017.

Comparés à des jeunes ayant bénéficié d’actions de formation plus classiques, proposées dans des régions comparables, les dispositifs CAP Avenir ou Cap Métiers augmentent de 60 % les chances d’accéder à l’emploi dans le mois suivant la date de fin d’accompagnement.

Ces deux dispositifs se caractérisent également par un effet net très important en matière de retour en formation, notamment en formation qualifiante : deux fois plus de jeunes rebondissent sur une formation à la sortie pour ces dispositifs (jusqu’à quatre fois plus pour le dispositif Cap Avenir) par rapport à des actions d’orientation classiques.

Dispositif d’accès à l’apprentissage en Nord-Pas-de-Calais

Le développement de l’apprentissage constitue, depuis 2014, l’un des principaux leviers soutenus par l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais pour répondre à la dégradation de la situation des jeunes sur le marché du travail. Dans un contexte de fort taux de chômage des jeunes et d’une pratique professionnelle de l’apprentissage peu développée, la région a décidé, en 2014, de mobiliser les financements IEJ sur la création d’un dispositif préparatoire à l’apprentissage destiné aux NEET. Ce SAS recouvre trois grands types d’actions dont :

  • L’appui à la définition du projet professionnel.
  • L’accompagnement (atelier technique de recherche d’emploi, coaching, simulation d’entretien, etc).
  • L’orientation et la mise en relation des jeunes avec des entreprises.

L’objectif du SAS était ainsi d’encourager l’accès à l’apprentissage et de sécuriser les parcours des jeunes poursuivant un apprentissage dans un contexte national et régional marqué par un taux d’abandon (ou de décrochage) de plus de 20 %.

Fin 2017, 13 000 jeunes avaient bénéficié du SAS apprentissage ; plus de la moitié d’entre eux ont été accompagnés par un CFA (dont 27 % uniquement par la Chambre de métiers et d'artisanat de région, le principal opérateur du SAS).

Ce dispositif a majoritairement bénéficié à des jeunes éloignés de l’emploi (inactifs et peu qualifiés, issus des QPV). Plus de 2 600 jeunes, qui ont bénéficiés du SAS, ont ensuite continué en apprentissage.

Dans la continuité du dispositif et afin de renforcer la lutte contre les forts taux d’abandons en apprentissage, la région Hauts-de-France a lancé l’appel à projets, en octobre 2018, qui prévoit un suivi post-parcours, sur quatre mois, pour prévenir les ruptures de contrat.

Ecoles de la 2e Chance (E2C)

En France, les E2C se sont développées dans les années 2000, avec la première école mise en place à Marseille en 1997. Dix-neuf ans plus tard, le réseau des E2C en comptait 51. La philosophie des E2C est d’offrir aux jeunes, de 16 à 25 ans, exclus du système éducatif ou en passe de l’être, les meilleures formations et le meilleur encadrement pour leur ouvrir la voie à leur insertion professionnelle. Ainsi, les E2C n’ont pas vocation à reconduire les jeunes à l’emploi mais, avant tout, à leur permettre d’acquérir les compétences.

Les E2C partagent une même ingénierie d’accompagnement des publics, avec un parcours organisé en cinq grandes étapes :

  • Évaluation des compétences et mise en place d’un plan de formation individualisé avec une période d’intégration progressive dans l’école.
  • Découverte de métiers, stages, et consolidation des savoirs de base.
  • Confirmation du projet professionnel avec l’acquisition de gestes professionnels.
  • Préparation à l’emploi et à la formation.
  • Suivi et accompagnement jusqu’à un an après la sortie de l’E2C.

L’évaluation a montré que les écoles cofinancées par l’IEJ ont eu besoin d’adapter leur parcours pour des NEET, comparé aux jeunes des autres écoles qu’elles suivent habituellement, corrélé à la situation dégradée du marché de l’emploi sur les territoires éligibles à l’IEJ : aménageant le rythme de l’alternance ou parfois en allongeant ce parcours. Cela témoigne de l’empreinte de l’IEJ sur un dispositif ainsi que des pratiques professionnelles. Le recentrage sur les publics NEET a induit un ajustement du dispositif lui-même. En adaptant les parcours à leur public, les E2C cofinancées par l’IEJ ont réussi à construire des parcours efficients en termes d’acquisition de compétences aussi performants que ceux des E2C non-financées IEJ. Les crédits IEJ ont pu concentrer les moyens de prendre en charge un public NEET, très éloigné du marché de l’emploi. À la fin de leur accompagnement, la moitié de ces jeunes a (re)trouvé une formation ou emploi.

Evaluation 2018 de l’impact de l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ) en France
Rapport final

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