Vous êtes ici
Comment rendre l'apprentissage plus attractif en France ?
« Créons un système simple et souple, qui soit adapté aux jeunes et non pas l’inverse », telle est l’ambition affichée par Muriel Pénicaud, ministre du Travail, dans le projet de réforme de l’apprentissage. Avec une mise en application attendue à partir de la rentrée 2018, le texte sera soumis au Conseil des ministres fin avril, à l’issue de consultations auprès du Conseil d'État et des partenaires sociaux.
En France, seulement 7 % des jeunes sont en apprentissage contre 15 % dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la Suisse, où le taux de chômage est bas. Par ailleurs, la France compte plus de 1,3 millions de jeunes NEET (sans formation, ni diplôme, ni travail). Or l’apprentissage est un incontestable tremplin vers l’emploi puisque 70 % des apprentis signent un contrat de travail dans les sept mois suivant leur formation. C’est la raison pour laquelle, depuis début 2018, le Gouvernement a lancé une large concertation auprès des acteurs de l’apprentissage, pour alléger un système souvent jugé trop complexe mais aussi pour améliorer sa visibilité auprès des jeunes.
Vendredi 6 Avril 2018, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a présenté, lors d’une conférence de presse, son projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel réformant la formation professionnelle, l'apprentissage et l'assurance chômage.
Qu’est-ce que la réforme changerait pour les jeunes ? Quelles sont les initiatives et quels sont les points clés à retenir de ce projet de réforme ?
L’apprentissage, une voie d’excellence en France et en Europe pour accéder à l’emploi
En février 2018, environ 3,6 millions de jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage dans l'Union européenne. Les différences entre les Etats sont très importantes. L'Allemagne est le pays où le taux de chômage des jeunes est le plus bas (6,2 %). Viennent ensuite les Pays-Bas (7,2 %) et la République tchèque (7,5 %). Le taux culmine notamment en Grèce, en Espagne et en Italie où il dépasse le cap des 30 %. La France, quant à elle, enregistrait en novembre 2017 un taux de chômage des jeunes qui s’élevait à hauteur de 22 %.
Le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel vise à lever les freins et faire reconnaître l’apprentissage pour ce qu’il est : une voie de passion et d’excellence, et une façon efficace de favoriser l’insertion et l’emploi des jeunes.
Une réforme à 360° pour lever tous les freins à l’apprentissage
En partant du constat d’un déficit d’image de l’apprentissage, l’un des enjeux de la réforme est d’assurer une information transparente auprès des jeunes et de leurs familles sur la qualité de ces formations. Dans ce sens, le projet de loi prévoit la mise en place de plusieurs journées annuelles d’information sur les métiers et les filières en classe de 4ème, 3ème, 2nde et 1ère ainsi que la création de prépa-apprentissage permettant aux jeunes ne disposant pas des connaissances et des compétences requises de se remettre à niveau.
Par ailleurs, pour toujours plus de mobilité et d’autonomie, le projet de loi prévoit d’autres dispositifs pour les jeunes comme l’instauration d’une aide de 500 euros pour passer leur permis de conduire ou encore une augmentation de la rémunération des 16 à 20 ans en apprentissage à hauteur de 30 euros.
Les Régions, l’État et les branches professionnelles favoriseront le développement et l’émergence de nouveaux campus métiers. Par ailleurs, il est prévu de créer une certification de maître d’apprentissage par voie de formation ou de reconnaissance des acquis de l’expérience. Enfin, les CFA pourront développer des formations correspondant aux besoins en compétences des entreprises. La qualité des formations dispensées par les CFA serait renforcée par un système de certification indépendant.
Un nouveau statut de l’apprenti plus attractif
La réforme est aussi l’occasion de déconstruire les à priori vis-à-vis de l’apprentissage, mais aussi de rendre plus souple un système jugé trop complexe qui rend aujourd’hui l’apprentissage insuffisamment attractif auprès des jeunes, mais aussi des entreprises.
Ainsi, la procédure d’enregistrement du contrat sera réformée et la réglementation des conditions de travail sera revue afin de faciliter l’intégration des jeunes apprentis dans l’entreprise. Le système de financement serait également profondément transformé pour aller vers plus de souplesse et de simplicité.
Côté jeunes, les apprentis dont le contrat de travail serait interrompu en cours d’année ne perdraient plus leur année et la durée du contrat serait modulable pour tenir compte du niveau de qualification déjà atteint par le jeune. Par ailleurs, l’embauche des apprentis serait beaucoup moins contrainte par le rythme scolaire et l’apprentissage serait ouvert aux jeunes jusqu’à 30 ans, au lieu de 26 ans aujourd’hui. Si actuellement la rupture d’un contrat en dehors d’un commun accord de l’employeur et de l’apprenti est compliquée, le projet de loi prévoit notamment la suppression du passage préalable obligatoire devant les prud’hommes et un nouveau droit à la rupture du contrat pour l’apprenti.
L’objectif est donc de développer l’apprentissage à tous les niveaux, voie de formation d’excellence, dans une logique de réussite éducative et d’insertion professionnelle, au bénéfice des jeunes, des entreprises, des territoires et du développement économique et social de notre pays.
Sources :
http://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/reforme-apprentissage/
http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dp_apprentissagevdef2-_09022018.pdf
https://www.alternance-professionnelle.fr/comparatif-alternance-europe/