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Des ateliers Agilité Numérique : monter en compétences sur les usages et les outils numériques

21.11.2018 Rencontres FSE

Située sur un bassin d’emploi où le taux de chômage est inférieur à 5 %, la Maison de l'Emploi, de l'Entreprise et de la Formation (MEEF) du Pays de Vitré en Bretagne est un lieu unique qui réunit sous un même toit 11 acteurs de l’emploi et de l’insertion. Depuis 2014, la MEEF propose des ateliers d’« agilité numérique » à destination des demandeurs d’emploi principalement. Résolument novateurs dans leur approche et leur contenu, ces ateliers ont vocation à renforcer l’insertion et l’employabilité des publics en développant leur maîtrise des usages numériques et en encourageant leur autonomie.

Un binôme soudé et complémentaire

Didier Quintin et Tiphaine Faguer, chargés de missions à la MEEF de Vitré, forment depuis 2009 un binôme soudé et complémentaire. Leur point commun ? Ils sont convaincus que l’accélération de la numérisation des modes de production, d’échange ou de consommation doit pousser les individus éloignés de l’emploi à développer de nouvelles compétences et à s’approprier les nouveaux usages numériques.

Après 15 ans passés dans le privé, Didier Quintin décide en 2006 de reprendre des études d’économie et de science politique. Pour aller plus loin Carine Chevrier et Jean Pisani-Ferry pour le numérique Numérique et travail : l’interview croisée Très sensible aux enjeux de développement territorial, il participe entre 2007 et 2009 au montage et au développement de deux Maisons de l’Emploi en Bretagne, puis intègre en 2009 la MEEF de Vitré. Il est rejoint la même année par Tiphaine Faguer, diplômée en communication et gestion de projets, recrutée à l’époque pour animer l’espace public numérique (EPN) - labellisé Cyber-base emploi - de la MEEF. L’objectif de ce Cyber-base est d’initier les demandeurs d’emploi aux outils informatiques.

En parallèle, la MEEF développe des actions d’accompagnement vers l’emploi dont des ateliers de T.R.E (techniques de recherche d’emploi) intégrant un volet numérique. Mais Didier et Tiphaine font le constat qu’il manque encore dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi, une dimension « usages numériques » liée aux nouvelles techniques de recherche d’emploi et de réseau, permettant de mieux appréhender l’accélération de la dématérialisation des services comme Pôle emploi, la CAF, les déclarations fiscales etc.

C’est en 2014, lorsqu’ils réalisent qu’un des objectifs du POn FSE 2014-2020 vise le renforcement de l’usage des nouvelles technologies et des services dématérialisés dans l’offre de services des acteurs de l’emploi, que Tiphaine et Didier décident d’élaborer un nouveau parcours d’accompagnement : les ateliers « agilité numérique ». L’idée initiale était de « concilier en même temps recherche d’emploi et montée en compétences sur les usages et outils numériques » rappelle Didier.

“ Ces ateliers visent à inciter les demandeurs d’emploi à se démarquer et à être proactifs dans leur stratégie de recherche d'emploi, à ne pas subir la période de demande d’emploi, et à passer d'une situation de demandeur d'emploi à celle d’offreur de compétences.” Didier QuintinFondateur et animateur du programme « agilité numérique »

Les ateliers "agilité numérique" : comment ça marche ? Pour aller plus loin « Avec le numérique, le besoin d’apprentissage est devenu permanent »

Animés par Didier Quintin et Tiphaine Faguer dans les locaux de la MEEF, ces ateliers réunissent des groupes de 7 à 8 demandeurs d’emploi sur une période de 6 semaines, à raison d’une demi-journée par semaine. L’accompagnement se compose de différents modules thématiques (s’informer, se révéler, s’émanciper…) construits dans une véritable logique de parcours et s’articulant toujours avec l’objectif d’insertion et de montée en compétences. 

Les modules de base vont de l’outillage simple pour structurer la recherche d’emploi, au personal branding (réseautage, CV numérique multiplateforme), en passant par la réflexion sur le projet professionnel (CV, cartographie des compétences, radar de motivation), ou encore la veille informationnelle (abonnement à des newsletters, interfaces de veille etc.) notamment sur le marché caché. Certains des services proposés sur l’emploi-store de Pôle emploi sont également présentés aux participants, et ceux qui le souhaitent peuvent également suivre un MOOC (formation en ligne ouverte à tous) en gestion de projet notamment. L’appropriation par “ Au démarrage nous recensons toutes les attentes des demandeurs d’emploi, apprécions leur niveau, puis nous co-construisons et adaptons avec les participants le contenu du programme à suivre ; il n’y a donc pas deux ateliers identiques” Tiphaine FaguerFondatrice et animatrice du programme « agilité numérique » la pratique des outils numériques « de base » (logiciels et applications de gestion, de bureautique, d’organisation personnelle, cloud etc.) est transversale aux différents modules.

Les spécificités du parcours ? Outre sa modularité, c’est sa capacité à s’adapter à chaque groupe de public : « au démarrage nous recensons toutes les attentes des demandeurs d’emploi, apprécions leur niveau, puis nous co-construisons et adaptons avec les participants le contenu du programme à suivre ; il n’y a donc pas deux ateliers identiques » précise Tiphaine Faguer. A cela s’ajoute le format d’animation des ateliers, marqué par la coordination et la dimension collaborative : « cette dimension était peu présente au départ mais les participants travaillent de plus en plus en binôme, notamment sur la présentation de leur parcours, de leur CV. Au départ ils se prennent souvent une claque ! » reconnait Tiphaine Faguer. Didier Quintin insiste sur l’importance « d’autonomiser les participants, de susciter chez eux une capacité de remise en question permanente et de dépassement pour passer d’un « je n’y arriverai jamais » à « j’ai envie de », ou « cet emploi est fait pour moi ». On parle d’ateliers de « Stratégie de retour à l’emploi » et non plus d’ateliers de technique de recherche d’emploi ».

150-200

Au total chaque année, Didier et Tiphaine accompagnent entre 150 et 200 participants.

+de 1 / 2

Plus d’un participant sur deux accède à l’emploi à l’issue de l’opération, et près de 10 % s’inscrivent dans une démarche de qualification (formation/VAE).

90 000

Le budget annuel de cette l’action est d’environ de 90 000 euros (répartis à égalité entre le FSE et le pays de Vitré).

Une initiative inscrite dans une logique d'essaimage 

L’action est en constante évolution et se nourrit d’une veille permanente. Des modules complémentaires sont venus enrichir le programme pour l’adapter aux publics plus éloignés de l’emploi, ou aux créateurs d’entreprise. Ces modules abordent les freins périphériques à l’emploi tels que la mobilité/le logement (sites de transport à la demande, de covoiturage solidaire), les droits et la santé, ou encore d’e-administration. Les questions relatives à l’intelligence artificielle (en matière de recrutement par exemple) commencent également à être a abordées. Les outils et supports numériques mobilisés évoluent également puisque la MEEF a fait l’acquisition de PC portables et prévoit l’achat d’un casque de réalité virtuelle, de tablettes, l’idée étant d’aller davantage sur les applications.

Ce programme essaime puisqu’en 2017, les ateliers ont été déclinés et expérimentés auprès d’un groupe de petits exploitants agricoles, en partenariat avec la MSA (Mutualité sociale agricole) et en ce moment, Tiphaine et Didier travaillent sur un projet d’e-inclusion destiné aux publics très éloignés de l’emploi. 
 

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