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Accompagner, après un engagement, des jeunes dans leur projet professionnel
Valoriser les parcours civiques et le potentiel des jeunes. Tout est parti de là pour l’Institut de l’Engagement. L’objectif est d’accompagner, après un engagement, des jeunes dans leur projet professionnel. Claire de Mazancourt, cofondatrice et Directrice générale de l’Institut de l’Engagement, parle de la mission de l’Institut. Rencontre.
En quoi consiste la mission de l’Institut de l’Engagement soutenue par le Fonds Social Européen ? Comment a-t-il été mis en place ?
La mission de l’Institut consiste à repérer des jeunes à fort potentiel engagés dans une mission d’intérêt général ou dans un bénévolat classique, qui ont un projet pour leur avenir mais qui se heurtent à des barrières liées à leur origine sociale, la géographie, leur parcours scolaire, des accidents de la vie, ou plus simplement à un manque de réseau.
Nous avons souhaité valoriser le service civique parce que c’est souvent durant cette période que les personnes révèlent et dévoilent leur potentiel pour construire leur projet. Nous avons lancé une étude faisabilité avant le lancement du dispositif auprès d’écoles, d’employeurs et des jeunes en service civique. À la suite de quoi, nous avons voulu créer les passerelles qui n’existaient pas entre ces acteurs.
La procédure d’admission se fait sur dossiers, examinés par des bénévoles. Nous recevons environ 2 500 dossiers et nous mobilisons entre 1 000 et 1 500 personnes pour les lire et rencontrer les candidats. Nous faisons ensuite lire chaque dossier à trois personnes, une du milieu de l’entreprise, de l’associatif et du milieu académique, avant de recevoir les candidats en entretien.
Enfin, 700 lauréats sont retenus chaque année sur deux promotions, une au printemps qui compte 500 personnes puis, 200 à l’automne. Comme nous ne faisons pas de pré-sélection, il n’est pas rare que nous ayons des promotions d’une extrême diversité : des jeunes de 16 à 29 ans, venant de zones rurales, de banlieues, en situation de décrochage scolaire, d’autres qui ont connu des accidents de la vie, ou familiaux, des Français et des étrangers. Nous n’utilisons pas le terme de NEET (acronyme utilisé pour désigner des jeunes de 15-24 ans ni en emploi, ni en études ou en formation – vient de l’anglais « Neither in Employment nor in education or training »). Il est impossible de dire à la fois : « On croit en vous et en votre projet » et demander un justificatif qui démontre que le jeune n’est nulle part. Quand on accueille nos jeunes, la première chose qu’on leur dit, c’est : « Nous, on croit en vous, on croit en votre projet et vous allez y arriver ! » Pour aller plus loin Nouvel appel à projets : Accompagner les jeunes NEET vers et dans l’emploi
Comment se déroule l’accompagnement des jeunes au sein de l’Institut ?
Les 700 lauréats obtiennent un accompagnement complet et personnalisé avec un chargé d’accompagnement professionnel à distance et un parrainage de proximité via un bénévole. Nous mettons les lauréats en relation avec nos établissements partenaires, et nous proposons des bourses en complément des dispositifs existants.
L’accompagnement est également collectif grâce à un groupe privé Facebook mais surtout via les Universités de l’Engagement. Chaque promotion a trois universités dans l’année : une université d’intégration sur six jours, et deux autres de trois jours. L’objectif est de leur donner des clés et de muscler leurs projets avec des ateliers, des conférences et leur faire prendre du recul par rapport à un certain nombre de grands enjeux, tout en continuant à cultiver la fibre de l’engagement. Chaque université se déroule dans différentes villes, ce qui nous permet d’animer nos partenariats dans la France entière.
Les écoles partenaires de l’Institut permettent des voies d’accès spécifiques pour les lauréats qui ont des projets vraiment très divers : un jeune peut vouloir intégrer un Master à Sciences Politiques pendant qu’une autre veut développer son activité de bergère fromagère ! Il faut savoir et pouvoir accompagner tout le monde ! Afin d’apporter un appui pertinent à une telle diversité nous devons nous appuyer sur une large palette de partenaires. C’est ce qui fait notre force et notre richesse !
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous avons trois axes essentiels de développement. Le premier est de mobiliser davantage nos anciens lauréats. Nous les sollicitons déjà pour l’examen des dossiers d’admissions, pour animer des ateliers et pour parrainer les lauréats actuels. Environ un tiers des anciens lauréats que nous sollicitons s’implique. Nos anciens lauréats deviendront le premier soutien de l’Institut, c’est ma conviction !
L’autre axe cible les jeunes qui présentent un dossier d’admission mais qui n’intègrent pas le programme d’accompagnement. Nous les accueillons pour leur expliquer pourquoi ils ne sont pas retenus et nous leur donnons des conseils, mais cela ne suffit pas. Nous souhaiterions apprendre à mieux les connaître, se plonger davantage dans leur dossier et voir quels outils pourraient les aider et comment nous pourrions mieux les accompagner sans forcément les intégrer au cursus.
Enfin, nous souhaiterions plus impliquer nos partenaires afin de renforcer leur mobilisation et les convaincre de la valeur de l’engagement. Le monde est en train de changer : les consommateurs ne consomment plus de la même façon, les jeunes ne choisissent plus leurs employeurs de la même façon non plus, et nous avons de nouvelles manières de communiquer. Nous pensons que les entreprises ont un virage à prendre !
Aussi, nous organisons un événement unique afin de réunir les professionnels et les lauréats pour mener des ateliers croisés. Nous organisons cette année, pour la première fois, le Campus de l’Engagement du 1er au 3 juillet dans le Vercors à Autrans. Une entreprise pourra soumettre un projet aux jeunes pour obtenir leurs avis et faire naître des innovations ; tandis que les lauréats pourront proposer leurs projets de création d’activité et récupérer des conseils structurants. Aujourd’hui, une entreprise doit pouvoir conseiller un jeune sur des techniques de recrutement, mais un jeune doit pouvoir expliquer à une entreprise comment faire pour l’attirer !
Qu’est-ce que le soutien du Fonds Social Européen vous a apporté ?
Le FSE participe à développer nos initiatives. Ce soutien nous donne les moyens de diversifier nos activités et d’accompagner au mieux nos lauréats. Notre initiative correspond à l’objectif du FSE en termes d’intégration durable des jeunes sur le marché du travail. Surtout que nous connaissons un vrai succès avec, en moyenne, ces dernières années, 90 % de réussite pour nos lauréats.